Ethnologie
La parure
de l’âme
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Entretien avec Isabelle Bianquis,
ethnologue à l’Université de Tours,
réalisé par Emmanuel Abela
Si la tête est le siège de l’âme, la coiffure
en est sa parure. Isabelle Bianchi, ethnologue
à l’Université de Tours, nous donne quelques
pistes de lecture du cheveu à travers les âges.
Le cheveu à travers l’histoire est fortement chargé
de symbolique. L’ethnologie s’y intéresse désormais…
On trouve des ethnologues qui travaillent désormais sur le cheveu,
mais il est difficile de s’intéresser au cheveu sans s’intéresser au reste.
De manière générale, l’ethnologue adopte une approche globalisante
et quand il aborde le cheveu, c’est par le biais du corps, des soins du
corps ou à partir des rituels : les normes de coiffage pour les mariages,
les lavages au moment de la mort…
Le cheveu permet une compréhension de l’homme.
Oui, mais pas plus le cheveu que le vêtement ; il ne peut être déconnecté
du reste. La tête est importante sur un plan symbolique.
Vous établissez pourtant une relation surprenante
entre le cheveu et l’âme.
J’en parle à propos de la société mongole sur laquelle je travaille, mais
ça concerne la naissance. Quand elles accouchent, les femmes sont
considérées comme ayant la fontanelle à nouveau ouverte à l’image de
leur bébé. Elles se recouvrent les cheveux durant 40 jours. L’être n’est
accompli qu’à partir du moment où la fontanelle se referme, instant
matérialisé par la poussée des cheveux : l’être s’anime, c’est-à-dire qu’il
est pourvu d’une âme.
La perception du cheveu est variable selon les périodes. Tantôt
magnifié, tantôt nié, il est signe de séduction.
Oui, il faut vraiment le considérer comme une parure, un collier ou
un diamant. La personne qui est revêtue de cette parure se retrouve
dans l’état d’être désiré. Certaines sociétés tendent à valoriser cette
parure, mais elles ne la valorisent pas n’importe quand. Au moment des
mariages – et là nul besoin de retourner en Mongolie ! –, les femmes
prennent un soin particulier à se rendre chez le coiffeur, le jour de la
noce, pour être la plus belle possible. Elles s’y rendent avec le même
enthousiasme que si elles faisaient l’acquisition d’un bijou.
Un article complet de Isabelle Bianquis à lire dans la rubrique ethnologie
www.yannick-kraemer.com et www.luis-kraemer.com
Gustav Klimt
Goldfische,1901/1902
Öl auf Leinwand, 181 x 67 cm
Kunstmuseum Solothurn
Dübi-Müller-Stiftung
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