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Société 14 15 La liberté de l’instant Par Emmanuel Abela Photo : Chrystel Lux Depuis trois ans, les coiffeurs du groupe Kraemer coiffent bénévolement les détenues de la maison d’arrêt de Strasbourg dans le cadre d’une opération menée par la Croix Rouge. Nouvelle étape essentielle dans ce dispositif humanitaire : l’ouverture d’un salon de coiffure et d’esthétique. De gauche à droite, Armand Perego, Yannick Kraemer, Maud de Boer-Buquicchio, Alain Reymond Maud de Boer-Buquicchio secrétaire adjointe du Conseil de l’Europe « Ce salon représente beaucoup pour les femmes détenues. Ce que je constate, c’est qu’il est indispensable que les conditions de détention, que ce soit en France ou ailleurs, soient plus humanisées. C’est d’ailleurs une exigence de la convention des Droits de l’Homme. On doit garder à l’esprit le respect de la dignité humaine. Je pense que ce salon, qui a été ouvert grâce à la générosité et l’ouverture d’esprit de l’établissement pénitencier permet justement à ces femmes de retrouver leur dignité. » Alain Reymond directeur de l’établissement Le mardi 16 novembre, un salon de coiffure et d’esthétique a été inauguré à la maison d’arrêtv de Strasbourg, en présence de Maud Boer-Buquicchio, secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe, et Armand Perego, président régional de la Croix Rouge, à l’origine du projet. Depuis 3 ans, Yannick Kraemer et ses équipes de coiffeurs participent à cette aventure qui consiste à couper les cheveux des détenues bénévolement une journée par mois. La nécessité d’aménager un espace exclusivement dédié à ces instants de détente s’est fait ressentir. Profitant de la mise à disposition de l’ancien espace de la biberonnerie, la Croix Rouge et les équipes de Yannick Kraemer ont aménagé un vrai salon de coiffure et d’esthétique, selon les critères défendus par le groupe Kraemer : la sobriété d’un décor chic qui les plonge au cœur d’un milieu naturel avec la présence des plantes et la diffusion d’une musique ambiante relaxante. En alternance avec des esthéticiennes, ce salon situé dans le quartier des femmes est ouvert aux détenues tous les quinze jours, ce qui multiplie par deux la fréquence d’ouverture. Il permet aux femmes détenues d’oublier le temps d’un instant essentiel leur incarcération, en leur offrant l’occasion de se ressourcer et de se révéler à nouveau dans toute leur féminité. « On parle souvent des établissements pénitenciers quand il y a des problèmes, des conflits, des incidents, et c’est un peu dommage parce que tout ce travail qui se fait à Strasbourg est primordial dans la prise en charge des détenus et c’est bien qu’on puisse le montrer aujourd’hui et le mettre en avant. C’est surtout le symbole d’un partenariat très fort avec la Croix Rouge. Ça représente une prestation équivalente à ce que bénéficient les femmes à l’extérieur. Tout ça dans le cadre d’actions que l’on met en place pour la réinsertion des personnes détenues. C’est quelque part, préparer la sortie. » Christiane détenue « Ça change tout. C’est vraiment super, on se sent féminine à nouveau, ça fait du bien de se faire chouchouter et d’avoir un bout d’extérieur ici. Et puis, j’aime qu’on cherche à me faire plaisir. » Armand Perego président régional de la Croix Rouge « La création de ce salon est le résultat de la générosité du directeur de la prison et de l’engagement de Yannick Kraemer. Cette œuvre a été rendue possible grâce à la confiance réciproque que nous nous sommes accordée. Lorsque les détenues m’ont lancé ce défi l’année dernière, j’ai voulu leur rendre hommage et rendre leur quotidien plus agréable. Quoi de plus important pour la Croix Rouge que de penser à la dignité des femmes ? Il était important pour nous de répondre favorablement à leur demande, pour voir la prison autrement. » Yannick Kraemer « Je pense que chaque personne attend le moment et la possibilité de donner un peu de son temps aux autres. Parfois, il faut un simple déclic. En l’occurrence, ce déclic est venu avec la rencontre d’Armand Perego de la Croix Rouge. Après 3 ans de travail dans un local étroit et sans confort, nous avons pu réaliser grâce à l’aide d’autres bénévoles Croix Rouge, Julie Vogt et Alain Voltzenlogel (Peinture Décorative Alain), un salon de coiffure et d’esthétique digne d’un salon haut de gamme. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer aux détenues un réel instant de liberté. » Propos recueillis par Cécile Becker