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TENDANCES
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David Bowie
l’éternel présent
Par Emmanuel Abela
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En parfaite rupture avec sa
période glam débridée, David
Bowie aborde la deuxième moitié
des années 70 en dandy d’un
nouveau genre et influence la
new wave anglaise.
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Le célèbre shooting
signé Brian Duffy pour
la pochette d’Aladdin
Sane en 1973.
Au début de l’année,
David Bowie nous a
quittés. Chacun d’entre
nous a été touché par
une chanson ou une
apparition de celui qui
fut plus qu’une icône
de la pop : une entité
rayonnante, à jamais.
Hommage.
L
a nouvelle est tombée comme
ça, un lundi tôt le matin, le 11
janvier dernier, nous coupant
les jambes au moment d’amorcer
la semaine : David Bowie venait de mourir.
La surprise ne venait pas tant de sa dis-
parition – les signes avant-coureurs
étaient là –, mais plus de l’unanimité
qui a accompagné cette annonce. Lui
qui avait fait sienne la prophétie d’Andy
Warhol concernant le quart d’heure de
célébrité de chacun avec son magnifique
Heroes – « We could be heroes just for
one day » – nous livrait par parcelles in-
fimes des éclats étincelants de sa propre
célébrité faisant de chacun d’entre nous
ses propres héros un jour entier. Nous
étions tous “un” dans l’hommage vibrant
qui se propageait de manière universelle,
avec des instants d’émotion qu’on revivait
avec la même intensité qu’au moment de
la disparition d’Elvis Presley en 1976,
John Lennon en 1980 ou de Michael
Jackson en 2009.
La chose pouvait surprendre quand on
sait que David Bowie a mis du temps, non
pas à avoir du succès mais à s’imposer à
l’échelle planétaire, comme une évidence
pour tous. Sa carrière était très large-
ment entamée avec un cycle magnifique
complet quand en 1983, sous la houlette
de l’ami Nile Rodgers, il publiait Let’s
Dance. Les années 70 étaient enterrées,
une décennie qu’il a marqué profondé-
ment de son influence, laissant place à
un semblant d’insouciance. Adieu Ziggy
Stardust, adieu The Thin White Duke,
adieu tous ces personnages avec lesquels
il avançait masqué, changeant de look à
l’envi, selon les saisons et les disques qu’il
sortait alors à la pelle. Bonjour Mr David
Bowie, ultime masque de David Jones,
musicien et parolier de génie, pantomime
émérite et acteur sensible, que plus rien
n’éloignera de sa destinée, au firmament,
tutoyant les étoiles.
En a-t-il fallu des simulacres, des looks,
des coupes improbables avant de s’ac-
complir pleinement ? Ça a commencé par
une tentative mod au cœur des 60’s, avant
d’adopter le look post-hippie, androgyne
et bouclettes – la fameuse pochette à la
robe de The Man Who Sold the World en
1971 – et enfin le glam rock qu’il n’a pas
seulement initié, mais qu’il survole de
tout son éclat dès 1972. On se souvient de
la coupe qu’il arbore sur Aladdin Sane,
relevée sur le dessus, longue dans la
nuque, mais aussi des sublimes tenues
de scène dessinées par Freddie Burretti
ou Kansai Yamamoto – incroyable Tokyo
Pop en 1973, en forme de disque vinyle !
On peut s’avouer plus sensibles au re-
vival 30’s de l’époque berlinoise, après
sa courte parenthèse américaine : tenue
de scène blanche très smart, le Nautical
Costume signé Natasha Korniloff en 1978,
coupe courte, avec de la longueur sur le
dessus et la raie sur le côté. Une approche
assagie qui cachait une autre forme de
subversion plus sourde, mais pas moins
dévastatrice. On le sait rétrospectivement,
contrairement à ce qui est dit ici ou là, David
Bowie n’était pas seulement pionnier,
c’était un magnifique analyseur de tend-
ances, un recycleur sans être pour autant
un pilleur. À la fin des années 70, il sentait
que le punk qu’il avait inspiré avait cette
capacité dévastatrice de tout remettre en
question. Lui n’en avait cure, il était déjà