Interview
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L’intelligence des mains
On le reconnaît à sa moustache ! Bernard Stalter,
président de la Chambre des métiers d’Alsace et
vice-président de la Fédération Nationale de la Coiffure aime
les défis : en homme de terrain passionné par son métier,
il nous expose une vision nouvelle de la coiffure.
notre métier : il faut faire rêver la cliente
et faire en sorte qu’elle ne vienne pas
chez le coiffeur parce qu’elle le doit,
mais bien parce qu’elle en a envie. Nous
devons réfléchir à comment créer cette
envie autour de “salons sensations” qui
répondent à ces nouvelles attentes.
Il nous faut évoluer, innover avec nos
fournisseurs, et pour cela renforcer le
marketing et la communication. Enfin,
il nous faut valoriser nos personnels, y
compris au niveau de la rémunération.
Bref, il est grand temps de redonner
à la coiffure ses titres de noblesse.
Vous avez commencé la coiffure très
tôt, à l’âge de 14 ans. Pourquoi ce
choix ?
Je cherchais simplement du travail je
peux l’avouer : au cours des premiers
mois en tant qu’apprenti, je me posais
des questions sur ce que je faisais-là.
Mais comme j’avais le goût du contact,
le métier m’allait bien. Donc, je suis
passé très vite d’un choix par défaut
à une vraie passion.
À quel moment avez-vous compris que
ça devenait une passion ?
Dès que j’ai pu toucher les cheveux !
Dès le premier shampooing, je me suis
rendu compte que cela pouvait me
plaire.
Du fait d’avoir vécu cette expérience-là,
quel est votre point de vue concernant
l’accompagnement de l’apprenti ?
La problématique concerne ces
premiers mois, mais aujourd’hui le chef
d’entreprise est nécessairement plus
pédagogue qu’il ne l’a été par le passé :
il arrive à mieux expliquer à l’apprenti
qu’il faut s’armer de patience.
L’alternance avec les CFA fonctionne
bien ; les formateurs apportent un
complément d’explication essentiel.
Enfin, l’apprenti n’est plus obligé de
travailler sur des modèles vivants, il peut
débuter sur des têtes malléables, ce qui
est tout de même compliqué.
Par Emmanuel Abela
Vous-même, vous continuez d’exercer.
Est-ce une manière de vous maintenir
au contact de la réalité du métier ?
Il y a plusieurs raisons à cela, mais la
principale reste le contact : ça nourrit
mon approche du métier, mais au-delà
de cela, ça me permet de maintenir
un niveau d’échange, de rencontrer
différentes personnes, d’aborder des
sujets différents et j’en retire toujours
un enseignement.
La situation de crise rend-elle un peu
plus nécessaire cette relation première
au client ?
On constate une métamorphose totale,
notamment en ce qui concerne nos
propres attentes à tous les niveaux.
La société toute entière étant revisitée,
nous devons nous aussi innover dans
Ce discours, vous le partagez avec
Yannick Kraemer. Le rapprochement
semble une évidence.
Par nature, je suis fédérateur : il est
toujours préférable de rassembler les
forces. En Yannick, j’ai trouvé une
personne qui a envie d’entreprendre,
mais qui laisse à ses collaborateurs et
franchisés cette possibilité de s’exprimer
en toute liberté. Nous nous sommes
rendus compte que nous étions tous
les deux en capacité de développer le
marché de la coiffure alsacienne dans
un premier temps, avant de l’étendre au
national et à l’international par la suite.
Pour cela, nous sommes à l’écoute l’un
de l’autre, avec la même impatience,
et nous débutons cette aventure par un
projet commun [l’ouverture d’un salon
dans la galerie marchande à Cora, ndlr].