Magazine Kraemer KRAEMER MAGAZINE 04 | Page 11

11 « Me déguiser, c’est presque un rapport enfantin à mon métier d’actrice. » Le public l’a découvert en garçonne assumée dans L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, pour en tomber amoureux dans Fauteuils d’orchestre de Danièle Thompson. Ses collaborations avec Clint Eastwood et les frères Dardenne lui donneront une reconnaissance internationale qui n’alertera pas son statut de fille normale. À croire que cette tendance a aussi contaminé le 7 e art ! On la retrouve ce printemps en agent trouble glamour, trader machiavélique et amoureuse éperdue de Moïse (Jean Dujardin), qui perd pied dans Möbius d’Eric Rochant. Un film d’amour sur fond d’espionnage et de guerre froide qui nous a transportés. Alice alias Cécile de France est féminine et plus rayonnante que jamais. De passage à Strasbourg, Kraemer magazine est tombé sous le charme. Rencontre beauté. Coupe courte, rétro, bouclée. En brune ou blonde. Vos changements de visage sont devenus votre marque de fabrique… Ces transformations sont toujours liées aux films que je tourne et aux personnages à construire. C’est une collaboration étroite avec les réalisateurs. Pourtant, toutes les actrices ne se prêtent pas forcément au jeu ? Moi j’adore ! Ce qui m’intéresse ce n’est pas ce que je suis dans la vie, mais de raconter une histoire. Pour la raconter, au lieu de changer ma voix – bien que j’aie dû le faire dans Möbius –, je me transforme. C’est mon outil de travail pour pouvoir en interpréter autant de personnages différents. Dans Möbius, Alice est particulièrement féminine. Sur le tournage vous vous en amusiez presque et aviez l’impression de devoir vous déguiser en femme ! J’ai un lien très distancié avec mes personnages. Depuis que je suis enfant je me déguise… Les costumes, le maquillage et bien évidemment la coiffure me permettent de devenir une autre personne. Ça m’amuse profondément ! C’est presque un rapport enfantin à mon métier d’actrice. Photos : Fabrizio Maltese © Récifilms - Axel Films - Les Productions du Trésor - EuropaCorp - JD Prod France 3 Cinéma - Samsa Film - Artémis Productions Si vous deviez choisir la coupe qui vous correspond le plus… Le problème c’est que dans la vie, je suis toujours dépendante de la coiffure de mon personnage du moment. Au final je n’ai jamais de coupe à moi ! Même si j’arrive toujours à me les approprier. Mais c’est généralement à moi de m’adapter… Et lorsque vous ne tournez pas ? Je les laisse en jachère ! Regardez, actuellement je les laisse pousser et ça fait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Peut-être que mon prochain rôle nécessitera de tout couper ! [elle a les cheveux relevés en brun, ndlr !] Êtes-vous parfois à l’origine de certaines de ces créations ? Oui en général, c’est une proposition de l’acteur qui fera ensuite l’objet de discussions, en collaboration avec le réalisateur et l’équipe HMC [Habillage- Maquillage-Coiffure, ndlr]. Une équipe très présente dans Möbius. Extrêmement. Le personnage d’Alice est assez riche. L’histoire se déroule à Monaco en été. C’est une trader vedette, autoritaire et qui a beaucoup d’assurance. Il fallait qu’elle ait une allure très féminine, autant dans sa silhouette que dans l’attitude. Après plusieurs essais, le carré long blond s’est imposé assez naturellement. Vous savez, c’est un vrai travail de recherche qui se construit de façon collégiale. C’est vraiment amusant de se prêter au jeu ! Peu de femmes peuvent se permettre autant d’audaces capillaires et pourtant, toutes vos coupes vous vont ! Parce qu’il faut être libre et les assumer complètement. Certaines femmes osent se couper les cheveux et pourtant elles le vivent comme une souffrance. C’est souvent parce qu’elles ne les assument pas. Une fois que le cap est passé, on le vit mieux et se dit que c’est tellement pratique !