10
« La richesse, on la trouve dans les hommes.
On peut avoir le sentiment de développer
un concept en conquérant ; moi, au contraire,
je pense qu’il est préférable de le développer
dans l’échange... »
pierre angulaire du concept que je
développe au sein du groupe. Je ne me
voyais pas faire de distinction. Quelle
que fût l’enseigne, Yannick Kraemer
ou Luis Kraemer, nous avions tous une
obligation de résultat, ce qui offrait
une garantie de satisfaction pour la
clientèle. La fusion ne fait que renforcer
cette idée ; à un moment stratégique
déterminant, elle me permet rappeler les
fondements de ce concept : favoriser la
créativité de chacun. besoin d’accéder à cette créativité. Il
me paraissait donc évident au moment
de l’ouverture de mes premiers salons
sous mon nom, il y a de cela douze ans,
de tenter de favoriser cette créativité.
Et puis, fondamentalement, je crois
que la richesse, on la trouve dans les
hommes. On peut avoir le sentiment de
développer un concept en conquérant ;
moi, au contraire, je pense qu’il est
préférable de le développer dans
l’échange.
Justement, ce concept rompt avec
l’idée généralement admise d’une
uniformisation des pratiques au profit
de l’identité d’une enseigne.
Oui, c’est un constat que j’ai pu formuler
par le passé, avec cette conséquence
qu’aujourd’hui tout se ressemble,
les produits, les personnes, les villes.
Moi, au contraire, je cherche à laisser
chaque individu s’exprimer au sein du
groupe. C’est le cas notamment en ce
qui concerne le travail artistique, qu’on
immortalise par la photo : chacun peut
apporter sa contribution à l’élaboration
des coupes du moment, et révéler le
fruit de son travail grâce au site Internet,
et tous les outils que nous créons. De
même, pour la décoration intérieure
du salon. Comme toute enseigne, nous
avons nos codes, mais à l’intérieur, le
coiffeur crée son espace afin de donner
le sentiment qu’il accueille la cliente
chez lui. Avec ce positionnement renforcé,
cette fusion constitue-t-elle une
réponse à la crise ?
Il est préférable aujourd’hui de ne pas
rester seul et de se regrouper autour
d’un concept qui apporte des réponses
adaptées à sa clientèle. Il vaut mieux
échanger ensemble sur les solutions à
une problématique éventuelle. Alors oui,
cette fusion peut constituer une réponse
à la crise dans la mesure où elle fédère
les pratiques des uns et des autres.
D’où vient cette conception qui vise
à libérer la créativité de chacun ?
Elle résulte tout simplement de mon
expérience personnelle. En tant que
jeune franchisé d’une autre marque,
je sentais monter en moi une forme
de frustration. Je savais que je pouvais
donner bien plus en terme de créativité.
Le coiffeur, par essence, exprime une
sensibilité, il est un créatif né, il a
Vous avez d’abord développé ce
concept à l’international à partir d’une
base alsacienne, alors que vous auriez
pu opter pour un développement
parisien avant de vous attaquer
à l’international.
Paradoxalement, il me paraissait plus
simple de développer à l’international
que d’opter pour un développement
parisien, dans un premier temps. Quand
j’ai ouvert mes premiers salons en
2000, j’ai fait le point sur la situation
du marché français, et j’ai constaté qu’il
y avait beaucoup de monde. Je me
suis dit que ça allait être difficile, d’où
l’idée d’avancer pas à pas tout d’abord
en Province. Des opportunités se sont
présentées à Québec, puis en Chine :
des Français d’origine chinoise ont senti
ce nouveau vent de liberté dans leur
pays. Ils m’ont alerté sur les possibilités
économiques qui s’offraient à nous.
Du coup, je me suis retrouvé avec mes
partenaires chinois à être le premier
coiffeur occidental à ouvrir ses salons
en Chine. Aujourd’hui, nous comptons
pas moins de trente salons dans le sud
du pays, avec de belles perspectives de
développement.
L’année dernière, vous avez ouvert vos
premiers salons parisiens. On imagine
des rêves de développement dans la
capitale…
Oui, le rêve c’est de pouvoir continuer
dans la capitale la formation qu’on
dispense dans nos écoles à Strasbourg, à
Canton, et prochainement à Marrakech.
Par le biais de cette académie à Paris,
nous renforcerons notre présence
parisienne et poursuivrons notre
développement dans d’autres villes
françaises.
Accordons-nous la part de rêve.
Si on se projette dans l’avenir,
quel serait votre fantasme absolu ?
L’un de mes rêves, c’est l’ouverture d’un
salon à New York. Quand on est à New
York, on n’est pas dans une ville, on est
dans un film. Toute notre culture visuelle
vient de là ; les images, les bruits, tout
nous est familier. Mes nombreux voyages
new yorkais m’ont toujours beaucoup
plus apporté que n’importe quel stage
de motivation. Alors oui, New York
reste et restera le rêve américain par
excellence…