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BEAUTÉ
Brigitte Bardot
par Richard Avedon
en 1959
“ Aujourd’hui, la blondeur
peut sembler contestée ; elle
n’est plus unanime, mais
fait mieux que résister. ”
la troublante Twiggy avec sa coloration
immaculée, et les stars s’appellent Ma-
rianne Faithfull ou Anita Pallenberg,
compagnes respectives de Mick Jagger
et de Keith Richards. Elles vivent leurs
cheveux blonds au vent, et s’affirment
en toute liberté. C’est le moment où les
teintures, dont le célèbre Préférence de
L’Oréal qui annihile toute concurrence,
permettent des changements fréquents
chez les jeunes femmes. Désormais, elles
se préoccupent d’elles sans chercher à sa-
voir ce que les hommes en pensent. Qui
dit libéralisation dit contre-feu réactif, et
il est vrai que des modèles comme Farrah
Fawcett, blonde langoureuse des séries
70’s à la mode, puis Pamela Anderson au
cours de la décennie suivante, n’ont pas
plaidé pour les blondes. Ces contre-mo-
dèles ultra-marketés ont causé bien des
dommages à la cause de la blondeur et
ont façonné l’image de la « blonde jolie
mais décérébrée ». Certains font remonter
cette image à la pauvre Jayne Mansfield
dans les années 50 et 60, l’icône déchue
qui avait été construite pour contrer le
succès de Marilyn avait été spécialisée
dans le rôle des « blondes idiotes ». La
jeune femme n’en parlait pas moins cinq
langues et pratiquait le piano et le violon
classiques. Heureusement, la sémillante
Debbie Harry, icône punk du groupe
Blondie, vient apporter un démenti par-
fait à la fin des années 70. Même les gar-
çons s’y mettent : Sting, Stewart Cope-
land et Andy Summers, les trois gaillards
peroxydés du groupe The Police ont fait
de la blondeur une marque de fabrique,
même si celle-ci était accidentelle dans un
premier temps, David Bowie leur emboite
le pas à l’époque de Let’s Dance avec le
succès que l’on sait…
Aujourd’hui, la blondeur peut sembler
contestée ; elle n’est plus unanime, mais
fait mieux que résister. On n’efface pas
ainsi les millénaires qui l’ont consacrée
comme le critère premier de la b
eauté.
Et s’il est loin d’être prouvé que les hommes
préfèrent les blondes – l’écart statistique
n’est que de quelques points, 44% pour les
blondes contre 38 pour les brunes, et 18%
pour les rousses –, la rareté effective des
blondes naturelles, leur apparence plus
jeune, et surtout les enjeux mercantiles de
leur très forte présence médiatique, conti-
nuent de plaider en leur faveur. De plus,
la blonde représente généralement une
forme de stabilité : dans la représentation,
elle est la mère, la femme mariée et par-
fois même la sainte, dans une opposition
qui fait de la brune, la maîtresse ou l’aven-
turière – on se demande d’ailleurs quelle
position est la plus enviable. Les stéréo-
types font des ravages, et les blondes
ne sont pas épargnées, mais à l’ère où
la beauté est devenue une marchandise
industrielle, généralement associée à l’oc-
cidentale, blanche, mince, jeune, aisée et
donc blonde – merci dear Barbie ! –, la
blondeur retrouve sa propre voie, s’éman-
cipe des clichés et s’affirme dans sa pure-
té originelle étincelante ; elle le fait de ma-
nière ostensible et désinhibée, avec toutes
ses variations, cuivrée, dorée, caramel,
châtaigne, cendrée ou carrément platine.
À l’image de Taylor Swift, nouvelle idole
blonde, elle est loin d’avoir dit son dernier
mot, et nous réserve bien des surprises à
l’échelle planétaire.
Taylor Swift ressuscite
la blondeuravec une grande
décontraction