MAG WAVE RADIO 2020 | Page 20

© Romain Hamdane Thibault Ehrengardt LA FIÈVRE INSULAIRE Directeur d’exposition, de magazine et de maison d’édition, photographe, maître de conférences… Thibault Ehrengardt, un passionné qui a la Jamaïque dans le sang. Propos recueillis par Jaloud, animateur de Strictly Roots dreadeditions.com dreadeditions DREAD Editions Comment t’es venue la passion du reggae et de la Jamaïque ? Un peu comme tout le monde au départ, avec Bob Marley. Mais l’album qui a tout déclenché, c’est Once Ago de Gregory Isaacs, sa période fin 70 avec des textes exceptionnels, une voix magnifique. Cela trahissait un monde extraordinaire derrière que j’ai décidé d’aller creuser. À partir du moment où j’ai mis le nez dedans, je ne pouvais plus me rassasier… Passion qui débouche sur la création du magazine Natty Dread… Au départ j’ai commencé par traduire les paroles des chansons, parce que j’avais un beau-frère fanatique de reggae comme moi qui ne parlait pas bien anglais et qui me demandait sans arrêt des précisons. Un jour je me suis dis : j’aime bien le reggae, j’ai des choses à traduire parce que je faisais des études d’anglais, donc j’ai mis ça sous forme de fanzine, des photocopies au départ. Puis j’ai rassemblé quelques talents bénévoles autour de moi et c’est devenu professionnel en 2000. Puis la création de Dread éditions qui parle aussi de l’histoire française… J’étais focalisé sur le reggae. Mais à force d’aller à Kingston pour le magazine - en venant de l’aéroport tu passes sans arrêt devant le Rockfort - j’ai voulu faire un article dessus. En creusant je me suis aperçu que j’étais passé à coté d’une histoire extrêmement riche, un fort construit en 1694 pour empêcher l’invasion française venue de Saint-Domingue. Une obsession historique s’est emparée de moi et j’ai commencé à écrire l’histoire de la Jamaïque, le premier livre de la collection qui a perduré suite à l’arrêt du magazine, une déclinaison logique. Un des tes plus grands souvenirs sur l’île ? Il y en a 10 000… Peut-être le jour où je suis allé sonner à l’improviste chez Ken Boothe (N.D.L.R. : chanteur légendaire actif depuis 1963), qui ouvre lui-même habillé d’un pyjama qui brille de milles feux, des pantoufles d’un bleu électrique avec des grosses touffes de poils (rire ) ! Je lui dis que j’aimerai faire une interview, et je suis resté 3 heures chez lui… Pour moi c’est le miracle jamaïcain, ils vivent sans filet, à l’impératif présent. Selon la manière dont tu le fais, tu ne vas rien obtenir ou dix fois plus que ce que t’attendais… 20