Ma première publication Yoles Martinique - 1er Tour | Page 93
Le bilan
En me lançant le défi de réaliser le Tour de la
Martinique, je devais en même temps résoudre
l'aspect financier de cette manifestation. Je ne
pouvais en effet espérer aucun soutien venant des
membres du Comité qui avaient opposé une fin de
non-recevoir à ce projet. Mais loin de me décourager,
leur position avait stimulé ma détermination. Je
disposais d'une totale liberté d'action qui me
conduisait à devoir trouver des solutions, comme à
Saint-Pierre pour la pension de nuit des équipages
qui, souhaitant s'épargner les fatigues du voyage,
préférèrent dormir sur place, contrairement à ce qui
avait été prévu.
Nombreux sont ceux qui, ne tenant pas compte de
l'aspect touristique ou sportif de cette manifestation
ont accepté de repartir le lendemain, ne serait-ce que
par honnêteté.
Ainsi s'achevait ce premier Tour, et cette histoire
d'amour entre ciel et mer, que j'avais vécue pendant
cinq jours avec ces hommes qui, par leurs efforts
répétés, avaient contribué à l'animation des
communes qui nous avaient accueillis, et avaient
apporté un plus à notre tourisme.
Je ne comprends toujours pas, alors que tous
s'accordent à reconnaître l'importance décisive du
Tour de la Martinique des Yoles Rondes dans le
développement du tourisme et de la renommée
mondiale de notre savoir-faire, que la plus grande
partie des subventions serve à supporter les frais de
fonctionnement à la charge de l'association. On peut
à juste titre s'étonner et s'indigner qu'il n'en reste
qu'une portion congrue pour récompenser les efforts
admirables, et l'esprit de sacrifice et d'abnégation de
ces équipages .
Sans prétendre offrir aux équipiers un salaire à
l'instar d'un ANELKA ou d'un Thierry HENRY, je
persiste à penser qu'une plus large part du budget
devrait être réservée aux véritables acteurs de ces
émotions inoubliables. Il appartient à certains d'y
réfléchir.
Ces hommes qui n’avaient jamais entendu parler de
régime alimentaire, de masseur, de professeur de
gym, de diététicien, et qui pour certains, je
m’empresse de dire pas tous, prenaient au départ,
pour se mettre en forme un décollage et à l’arrivée un
atterrissage, ces hommes avaient réussi la
performance de boucler le Tour en 19 heures,13
minutes et 40 secondes : c’étaient des marins
pêcheurs.
Grâce à leur enthousiasme et leur endurance, ils
nous ont offert un spectacle grandiose.
Pour ma part, j'ai voulu rendre un ultime hommage
aux marins pêcheurs oubliés, lesquels nous ont légué
cette manifestation qui s'inscrit si profondément dans
nos traditions, et démontre notre capacité à inventer
et à étonner, et pour laquelle j'avais consacré toute
mon énergie sans lésiner ni sur mon temps ni sur
mon argent.
La lauréate a été la yole Monoprix, patronnée et
construite par Désiré LAMON qui n'était pas
charpentier de marine. Pour un coup d'essai, ce fut
un coup de maître.
Louis WOUEMBA, lui, était âgé de 70 ans quand il
participa au premier Tour.
Si j'ai pu permettre que le Tour des Yoles Rondes soit
devenu désormais le fleuron de notre culture, j'y vois
ma plus noble récompense à défaut de tout le reste.
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