Ma première publication Yoles Martinique - 1er Tour | Page 79

Ce n’est qu’en arrivant à Fort-de-France que je réalise que j’ai oublié de leur laisser du papier toilette et me voilà reparti pour Saint-Pierre. Le lendemain, à mon arrivée à Saint-Pierre, pour le départ de la 4e étape, et seul en face d'eux, je les trouve “remontés comme des réveils”; certains équipages, après avoir pris leur petit déjeuner, me font savoir qu’étant donné les conditions dans lesquelles ils ont passé la nuit, ils refusent de prendre le départ. Et j’étais déjà à la 3e étape sans incident ! C’est à ce moment que, m’adressant à l’ensemble des équipages, je leur fais comprendre que le succès qu’ils ont remporté jusque là, est avant tout leur affaire, et certains me rétorquent alors : “ Cé bien passe cé ou nou ka pati ”. Malgré les pressions qui avaient été exercées sur eux, le départ a pu être donné à 10h30. Le maire de Saint-Pierre, Monsieur MAURICE, avait organisé une sympathique réception et les équipiers purent se doucher et se restaurer. Puis l’heure de vérité arriva : en effet, vu la distance entre Saint- Pierre et les différentes communes d’origine des coursiers, ces derniers au nombre d’environ 80 décident de dormir sur place ainsi que les équipages des canots suiveurs. Mais je ne dispose que d’une cinquantaine de matelas. Je me retrouve seul face à ces hommes qui viennent de passer pour certains, plus de 5 heures sur un bois dressé ou une pagaie. Ils m’ont fait confiance, mais ont à cet instant le sentiment d’avoir été piégés, d’autant plus que les membres du comité leur avaient “prédit leur avenir”. J’ai vu quelques uns d’entre eux chercher de tous côtés ou un morceau de carton ou une page de journal afin de passer la nuit, d’autres n’ayant que le choix de dormir sur le carrelage de la cantine, short et maillot mouillés, ou alors secs, auquel cas ils étaient pleins de sel. S AINT -P IERRE T RINITÉ 79