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stabilité internationale, et d’investir dans le même temps pour la prévention des
crises en agissant en amont sur les fragilités dont elles se nourrissent. Comme l’a
souligné en audition M. Charles Tellier, responsable de la division fragilités, crises
et conflits à la direction des opérations de l’AFD, le fonds Minka a ainsi pour
objectif de s’adapter à l’évolution des crises et à l’existence de cycles de violence,
qui implique de pouvoir agir sans attendre une normalisation.
La doctrine d’emploi de Minka est adaptée aux contextes de crises, tant sur
le plan stratégique, qu’opérationnel. Le fonds a vocation à contribuer directement
au retour à la paix, en cherchant à agir sur les déterminants de la crise et sur la
restauration du lien social. Pour être éligible à un financement Minka, un projet doit
cibler directement et principalement les causes profondes (exemple : sentiment de
marginalisation de certains groupes sociaux, faible légitimité de l’État) ou
immédiates (exemple : conflits fonciers, attractivité de groupes armés auprès d’une
jeunesse désœuvrée) de la crise. Minka finance également des projets visant, en
prévention, à atténuer les effets d’une crise ou, au minimum, veillant à ne pas
aggraver le conflit. Les ressources Minka sont octroyées selon quatre critères
cumulatifs : exposition élevée de la zone considérée à des chocs majeurs (endogènes
ou exogènes), faible capacité à y faire face, degré de propagation élevé des tensions
ou des chocs, avantage comparatif de la France et de l’AFD pour y jouer un rôle.
Parmi les projets déployés par ce fonds, on peut notamment citer :
– l’Initiative Minka Sahel, qui investit dans l’accès équitable et inclusif
aux ressources naturelles et aux services essentiels ; l’insertion socio-économique
des groupes vulnérables ; l’insertion des institutions justes, transparentes et proches
des citoyens, pour contribuer à prévenir et endiguer les conflits violents au Sahel,
tout en renforçant le lien social entre communautés et la confiance entre les
populations et leurs institutions ;
– l’Initiative Minka crise centrafricaine, qui investit dans le
désenclavement du pays, la gouvernance des institutions aux niveaux central et
local, et des opportunités économiques pour les populations les plus fragilisées, pour
contribuer à accompagner la sortie de crise et soutenir la construction de la paix.
Enfin, la France a joué un rôle clef dans la création de l’Alliance
internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit
(ALIPH), créée en 2017 sur une initiative franco-émirienne et préconisée par le
rapport Martinez. Basée à Genève, ALIPH met en œuvre des projets de sauvegarde
du patrimoine exposé aux conflits armés. Elle intervient dans trois domaines : la
protection préventive pour atténuer les risques de destruction, les mesures d’urgence
pour assurer la sécurité du patrimoine, et les actions post-conflits pour que les
populations puissent à nouveau jouir de leur patrimoine culturel.
ALIPH a recueilli 60 millions de dollars pour la mise en œuvre de son plan
stratégique 2019-2021, dont 30 millions fournis par la France. Parmi les projets mis
en place, on peut notamment mentionner la réhabilitation du musée de Mossoul,