Ma première publication Rapport 3. | Page 68

— 68 — combats, des attaques ciblant directement le personnel humanitaire ou d’obstacles logistiques et bureaucratiques, ces entraves sont constatées régulièrement dans les zones de conflits contemporaines. Ainsi, dans les provinces de Donetsk et de Lougansk en Ukraine, qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement ukrainien, les autorités en place ont imposé en 2017 de nouveaux critères d’agrément des activités et programmes humanitaires, ce qui est venu compliquer une procédure déjà laborieuse. Comme cela a été souligné à plusieurs reprises en auditions, certains conflits contemporains, qui voient apparaître ou réapparaître des tactiques de guerre très brutales, ont été marqués par un usage de la faim comme arme de guerre. Dans des zones assiégées ou très difficiles d’accès, la faim peut se muer en crise alimentaire comme dans le cas du Yémen, qui connaît aujourd’hui la pire crise mondiale en termes de malnutrition. Selon Action contre la faim, 15,9 millions de personnes y seraient aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire (1) . Dans le domaine médical et sanitaire, la situation est également préoccupante. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place en 2018 un précieux outil permettant de référencer les attaques contre les soins de santé, le Système de surveillance des attaques contre les soins de santé (2) , et de mesurer l’incidence de ces attaques sur la santé des populations touchées. Sur la période allant du 1 er janvier au 1 er novembre, ont ainsi été répertoriés 893 attaques, 175 décès et 581 blessés, sur dix pays et territoires (3) . Les conflits contemporains, notamment en Syrie et au Yémen, ont connu et connaissent toujours des attaques visant les hôpitaux, dans un contexte de guerres urbaines qui exposent particulièrement les hôpitaux civils, malgré leur sanctuarisation qui est assurée par la transmission aux belligérants de leurs coordonnées géographiques. Les systèmes sanitaires de ces deux pays se sont effondrés. Comme l’a rappelé en audition M. Raphael Pitti, médecin humanitaire, la population syrienne meurt aujourd’hui de pathologies chroniques, faute de structures pour les prendre en charge, et des maladies comme la typhoïde ou le choléra ont connu une résurgence. (1) On parle d’insécurité alimentaire lorsqu’il est impossible de garantir à tout moment à une population un accès quantitatif et qualitatif à la nourriture. (2) https://publicspace.who.int/sites/ssa/SitePages/PublicDashboard.aspx. (3) 322 infrastructures ont été touchées, ainsi que 210 moyens de transport, 596 personnels, 59 patients et 137 stocks de fournitures.