Ma première publication Rapport 3. | Page 51

— 51 — du sud (3 700), Yémen (2 700), données très vraisemblablement inférieures à la réalité. On estime qu’au moins 20 384 civils ont été tués du fait d’attaques menées au moyen d’engins explosifs à large rayon d’impact, notamment au Yémen et en Syrie. La guerre urbaine entraîne aussi une vulnérabilité croissante des biens et des infrastructures de caractère civil, comme les écoles, les hôpitaux ou encore les services d’adduction d’eau. Dans le cas du Yémen, le conflit en cours a entraîné un véritable effondrement du système sanitaire. La destruction et la fragilisation des infrastructures civiles ont non seulement des effets de long terme, et surtout sont à l’origine de pertes civiles indirectes parfois plus lourdes que les victimes directes d’attaques. La problématique de l’usage des armes explosives à large impact en zones peuplées Dans le contexte des guerres urbaines, l’usage de certaines armes, conçues pour être utilisées sur des champs de bataille ouverts, entraîne des effets indiscriminés et disproportionnés. Un réseau international d’ONG, le réseau « INEW » s’est ainsi constitué en 2015 face à ce qui apparaît comme une zone grise du DIH : même si les civils ne sont pas nécessairement les cibles directes de l’usage de ces armes, ils en sont souvent les premières victimes. Les effets disproportionnés et indiscriminés de ces armes sont liés pour l’essentiel à leur « large rayon d’impact » qui se définit par trois critères selon le CICR : 1) la puissance de destruction (bombe aérienne), 2) la dispersion de multiples munitions (lance-roquettes multiples), 3) l’imprécision inhérente à l’arme (système de lancement indirect, comme un mortier). Pour Handicap International, dont vos rapporteurs ont auditionné les représentants, l’usage des armes explosives à large impact en zones peuplées est la plus grave menace contemporaine pesant sur le DIH, d’où le lancement d’une campagne en vue de l’adoption d’une déclaration politique sur ce sujet . La France s’est déclarée début octobre à Vienne en faveur de l’ouverture de négociations en ce sens (voir infra ). Enfin, les conflits armés sont aujourd’hui majoritairement des conflits armés non internationaux, selon la définition juridique du CICR (voir supra ). Le nombre de conflits armés non internationaux a plus que doublé entre 2001 et 2016, passant de moins de trente à plus de soixante-dix. Si la prédominance des conflits non internationaux peut susciter des questions dans la mesure où le DIH est moins développé au plan normatif pour ce type de conflits que pour les conflits internationaux (voir infra ), il faut aussi tenir compte de l’introduction d’éléments « d’externalité », qui, comme l’a souligné en audition M. Olivier de Frouville, professeur de droit public à l’Université Panthéon-Assas (Paris II) et directeur du Centre de recherche sur les droits de l’homme et le droit humanitaire, peuvent remettre en cause la dichotomie classique entre conflits armés internationaux et non internationaux. Ainsi, les conflits contemporains sont nombreux à avoir un caractère transnational : c’est le cas de la zone sahélienne ou de certaines poches de conflictualité en Afghanistan et au Pakistan, qui font fi des frontières nationales alors que le DIH a une référence territoriale dans son champ d’application.