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marqués, sont en moyenne deux fois plus longs qu’en 1990, et les dix principales
opérations du CICR dans le monde ont été créées il y a en moyenne trente-sept ans.
Le CICR est ainsi présent au Yémen depuis 1962, et en Afghanistan depuis 1969.
À cet étalement dans le temps s’ajoute une autre évolution qui accentue
également les effets des conflits dans le temps, à savoir le fait que les conflits armés
se déroulent de façon croissante dans des zones urbaines densément peuplées.
Cette évolution créée des défis techniques dans l’application du DIH au plan
opérationnel, par exemple dans le calibrage des frappes.
Surtout, elle est concomitante de la hausse des victimes civiles dans les
conflits armés, et a des effets de long terme sur les destructions des infrastructures
civiles. Le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des
Nations unies, M. Mark Lowcock, dans un discours devant la Hertie School le
3 septembre 2018, donnait comme exemple le fait que la station de filtrage de l’eau
du Donetsk en Ukraine avait été attaquée vingt fois en 2018, interrompant la
fourniture d’eau pour près de 350 000 personnes.
La population civile est devenue la principale victime des conflits armés
dans le monde. Cela tient à l’évolution des conflits d’une part, et de façon plus
substantielle à la manière dont le DIH est respecté (voir infra ).
Les civils représentent jusqu’à 90 % des victimes dans certains conflits
contemporains. Pour rappel, les victimes de la Seconde guerre mondiale furent pour
près des deux tiers des civils. Les évolutions les plus récentes sont très
préoccupantes, avec un doublement du nombre de civils tués dans le cadre de
conflits armés entre 2010 et 2016.
Les derniers rapports du Secrétaire général des Nations unies sur la
protection des civils en période de conflit armé l’ont rappelé : la population civile
demeure la principale victime des conflits armés dans le monde. En 2017, l’ONU a
recensé plus de 26 000 civils tués ou blessés lors d’attaques – ce qui n’intègre donc
pas les victimes indirectes des conflits armés – sur les six zones suivantes :
Afghanistan (10 000), Irak (8 000), Somalie (2 600), Yémen (2 600), République
centrafricaine (1 100), RDC (2 000).
Le Secrétaire général s’arrête plus spécifiquement sur les victimes des
engins explosifs à large rayon d’impact en zones peuplées, où l’impact des attaques
est particulièrement important. En 2017, 42 972 personnes ont ainsi été tuées, dont
31 904 civils, en hausse de 38 % par rapport à l’année précédente, et tout
particulièrement en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Ces attaques, qui font l’objet
d’une campagne lancée par Handicap International (voir infra ), sont le fait de
bombardements aériens, de tirs d’artillerie, de mortiers, de roquettes ou encore
d’engins explosifs improvisés.
Les tendances pour 2018 restaient très préoccupantes, avec, selon le rapport
2019 du Secrétaire général, 22 800 civils tués ou blessés lors d’attaques dans six
pays : Afghanistan (11 000), Irak (2 600), Mali (1 300), Somalie (1 500), Soudan