Ma première publication Rapport 3. | Page 21

— 21 — Comme il l’a rappelé dans son rapport présenté en 2015, intitulé 50 propositions françaises pour protéger le patrimoine de l’humanité, M. Jean-Luc Martinez, président directeur du musée du Louvre, considère que les atteintes et destructions de biens et de monuments culturels et religieux en contexte de conflits armés ne sont pas un phénomène nouveau, mais ont atteint aujourd’hui une ampleur inédite. Il avance plusieurs éléments explicatifs, parmi lesquels le caractère devenu systématique et planifié des destructions, désormais utilisées comme un outil de propagande et de terreur, avec la volonté d’anéantir la culture et l’histoire de l’adversaire, le commerce illégal des antiquités qui peut financer la guerre et le terrorisme et, de façon plus structurelle, le développement des conflits armés non internationaux et le recours à des moyens techniques plus sophistiqués qui facilitent tant les destructions et pillages que les trafics. La protection des biens culturels par le DIH « Les atteintes portées aux biens culturels […] constituent des atteintes au patrimoine culturel de l’humanité entière. » C’est en ces termes que la convention de La Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé de 1954 met en exergue la nécessaire protection du patrimoine en temps de guerre. Loin d’être évidente, cette protection s’est développée au cours du XX e siècle dans le droit international. Les conventions de La Haye de 1899 et 1907 posent les premiers jalons du droit international pour la protection des biens culturels. Les dispositions prises par ces textes imposent notamment la désignation des biens culturels par des signes distinctifs en vue de leur protection. Sous l’impulsion du professeur Nicholas Roerich, un projet de convention est ensuite discuté dans les années 1930. Le texte final devient le Pacte Roerich de 1935 définissant la protection des biens culturels sur le continent américain. Le droit international relatif à la protection des biens culturels connaît une impulsion après la Seconde guerre mondiale. Les conventions de Genève en 1949 sont les premières à aborder le sujet. Elles mettent en avant le caractère civil des biens culturels. Par conséquent, depuis ces conventions, ces biens ne peuvent faire l’objet d’attaques, sauf dans les cas où ils constituent un objectif militaire. En 1954 naît le premier traité multilatéral exclusivement dédié à la protection des biens culturels : la convention de La Haye. Elle englobe la protection des meubles, immeubles, des monuments d’architecture, d’art, d’histoire, des sites archéologiques, des œuvres d’art, des manuscrits ou encore des livres. Affirmant le nécessaire respect des biens culturels par les États, la convention établit des mesures de sauvegarde des biens culturels comme l’inscription de refuges ou de biens culturels immuables au « Registre international des biens culturels », l’établissement d’unités spéciales au sein des forces armées, responsables de la protection du patrimoine culturel ainsi que des sanctions en cas de violation de la convention. De plus, elle marque la naissance du bouclier bleu, emblème distinctif permettant d’identifier des biens culturels ou les personnes responsables ou impliquées dans leur protection.