Ma première publication Rapport 3. | Page 13

— 13 — INTRODUCTION Même en temps de conflit armé, les maux que des ennemis s’infligent doivent connaître des limites. Cette affirmation, dont les racines historiques sont anciennes, constitue le fondement du droit international humanitaire (DIH), aussi appelé droit de la guerre. Soixante-dix ans après l’adoption des quatre conventions de Genève du 12 août 1949, pierre angulaire du DIH, cette affirmation n’a rien perdu de sa force ni de sa nécessité. Ces conventions, ratifiées par cent quatre-vingt-seize États, apparaissent comme l’un des plus grands accomplissements de la coopération multilatérale. Elles ont été complétées par trois protocoles additionnels, mais n’ont pas été revues depuis leur adoption. D’autres instruments, de droit conventionnel ou de droit souple, sont venus enrichir le DIH, qui s’appuie aussi sur la coutume. Pour autant, les conflits ont évolué depuis 1949, et le tableau formé par les conflits contemporains est, à bien des égards, préoccupant. Chaque jour, des violations du DIH sont constatées, qu’il s’agisse de bombardements d’hôpitaux ou d’écoles, d’enrôlement d’enfants soldats ou de violences sexuelles, ou encore de destructions du patrimoine culturel de l’humanité. S’il semble difficile d’identifier un âge d’or du respect du DIH que l’on pourrait, à bon droit, regretter, la situation actuelle est marquée par des tendances plus qu’inquiétantes. De nouveaux acteurs et de nouvelles stratégies sont apparus et d’anciennes dérives réapparues, tandis que l’exposition des civils aux conflits armés n’a fait que croître. Le respect du DIH, s’il doit être constaté dans le strict cadre des conflits armés, défini par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a des conséquences de long voire de très long terme sur les communautés et sociétés touchées par les conflits. Le traumatisme des violences subies par les populations civiles, de même que la destruction des infrastructures, impliquent d’évaluer le respect du DIH en allant bien au-delà de l’instant précis de l’affrontement armé, et d’avoir pour ambition la rupture des cycles de violence que les violations du DIH favorisent. Le présent rapport n’a pas vocation à dresser un état des lieux exhaustif de ces violations, mais à en exposer les principales tendances et les principaux ressorts. Malgré ces constats, un procès en péremption du DIH serait hâtif et, à coup sûr, inapproprié. Plus sensiblement encore que d’autres corpus juridiques internationaux, le DIH est confronté non pas à un problème d’inadéquation, mais d’application. Ce n’est pas le DIH qui pose problème aujourd’hui, mais sa mise en œuvre. Les conventions de Genève, qui imposent de respecter mais aussi de faire respecter le DIH, s’appuient sur des fondements sûrs, à commencer par la distinction entre les combattants et les civils, qui valent quelle que soit l’arme ou la