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À l’instar des autres violations du DIH, les violations graves subies par les
enfants peuvent avoir des effets de très long terme et le défi principal consiste à
apporter à des victimes traumatisées un accompagnement adapté vers la
réintégration (voir infra ).
C. LA MULTIPLICATION DES ATTEINTES AUX PERSONNELS MEDICAUX
ET HUMANITAIRES
Protégés par le DIH, les personnels et infrastructures humanitaires et
médicaux sont aujourd’hui ciblés de façon croissante par des attaques et sont
parfois de moins en moins assimilés à des personnels et locaux protégés,
distinction pourtant fondamentale du DIH. Pour rappel, les combattants blessés
sont également protégés par le DIH dans la mesure où ils ne sont plus en état de
combattre.
Le DIH prévoit pour le personnel humanitaire a minima une protection
équivalente à la protection accordée à la population civile, mais aussi et surtout une
protection spécifique. L’article 71 du premier protocole additionnel impose le
respect et la protection du « personnel de secours », et la règle 31 de l’étude du
CICR sur le DIH coutumier mentionne que le « personnel de secours humanitaire
doit être respecté et protégé » indépendamment du caractère international ou non
international du conflit. D’autres mentions existent, dont la protection qui doit être
accordée au personnel sanitaire et religieux (1) .
Les données compilées par la Aid Worker Security Database (2) dans son
rapport pour 2019 révèlent l’année 2018 comme une année particulièrement
dangereuse pour les travailleurs humanitaires, avec 405 travailleurs touchés (313 en
2017), au cours de 226 attaques (158 en 2017). 131 travailleurs humanitaires ont été
tués (139 en 2017), 144 ont été blessés (102 en 207), 130 enlevés (72 en 2017) et
29 ont été victimes de violences sexuelles (28 en 2017). Plusieurs pays sont
concernés, le Soudan du Sud enregistrant le nombre le plus élevé d’attaques (3) . Sur
ce point, il faut souligner que ce sont les équipes locales qui demeurent les plus
visées par les attaques, par rapport aux personnels internationaux des ONG et
de l’ONU. Les équipes locales, en plus de bénéficier souvent de systèmes de
sécurité moins robustes, sont en général plus exposées que les personnels
internationaux. C’est le cas notamment en République centrafricaine, État qui est
souvent présenté comme le plus dangereux pour les personnels médicaux et
humanitaires.
Les travailleurs humanitaires sont également confrontés à un
développement des entraves à l’accès humanitaire. Qu’il s’agisse de la tenue des
(1) Articles 15 et 16 du premier protocole additionnel, articles 9 et 10 du deuxième protocole additionnel portant
sur la protection du personnel sanitaire et religieux et sur la protection générale de la mission médicale.
(2) https://www.humanitarianoutcomes.org/sites/default/files/publications/awsr_2019_0.pdf.
(3) Les zones les plus dangereuses pour les travailleurs humanitaires étant l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, le
Nigéria, le Yémen, l’Irak ou encore la République centrafricaine.