Ma première publication Rapport 3. | Page 106

— 106 — renforcement de notre soutien politique et technique à la mise en place de cours pénales spéciales aptes à juger au niveau national les criminels de guerre. L’ENM, qui a organisé une formation préalable pour les magistrats nommés au sein de la CPS, aura un rôle primordial à jouer dans cette dynamique. Sur ce point, vos rapporteurs souhaitent attirer l’attention sur un point. Bien qu’il existe des possibilités de détachement ou de mise à disposition de magistrats au sein de tribunaux étrangers tels que la CPS, il est de plus en plus difficile dans les faits d’activer ces possibilités, dans la mesure où elles impliquent de « perdre » une ressource au plan national. En pratique, il est de plus en plus souvent fait appel aux magistrats honoraires, qui ont récemment pris leur retraite. Dès lors, l’élaboration des prochains projets de loi finances et des plafonds d’emplois pour le ministère de la justice devra prendre en compte cette dimension internationale, qui vaut aussi pour la CPI. Cela est d’autant plus souhaitable que la loi de programmation pour la justice sur 2018-2022 prévoit la création de 6 500 emplois d’ici 2022, et que le nombre de détachements et de mises à disposition à l’international resterait en tout état de cause très modeste par rapport aux besoins nationaux. Pour mobiliser de jeunes magistrats, une prise de poste à l’étranger pourrait aussi devenir une condition pour accéder à certains postes. 23. Recommandation n°23 : renforcer l’accent mis sur les zones de crise et de conflit dans notre aide publique au développement et notre aide humanitaire La France s’est engagée à consacrer d’ici 2022 500 millions d’euros à l’aide humanitaire et alimentaire et à la stabilisation, et à porter son aide publique au développement à 0,55 % du revenu national brut. L’objectif de doublement des montants alloués au fonds « Paix et résilience » de l’AFD devrait être atteint en 2020, conformément au dernier projet de loi de finances. L’augmentation des moyens devra contribuer à combler le déficit de la France en matière humanitaire : alors que les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont consacré en moyenne ces dernières années 12 % de l’APD bilatérale à l’action humanitaire, la France y consacre 1 à 2 % selon les années. Dans la continuité de la stratégie « Prévention, résilience et paix durable (2018-2022) », et en prévision de l’examen du futur projet de loi d’orientation et de programmation relatif à l’aide publique au développement, vos rapporteurs appellent à ce que l’accent mis sur les zones de crise et plus spécifiquement de conflits soit renforcé. Cela pourra passer par un amendement au futur projet de loi, qui expliciterait le lien entre l’action humanitaire, le développement et l’interruption des cycles de violence, et par une généralisation de la démarche portée par l’Alliance Sahel, qui vise à mieux articuler les problématiques de