Ma première publication Rapport 2 | Page 56

— 56 — grande puissance parce qu’il a procédé à une déforestation massive pendant cette période, qui précède la grande époque de la France. Il faut avoir cela en tête quand on pense aux États en pleine déforestation : l’intérêt national ne coïncide pas toujours avec l’intérêt international. On le voit aussi en matière d’immigration. Il faudra que les institutions internationales fassent, tôt ou tard, ce qu’elles n’ont pas encore fait dans ce domaine comme dans celui de la déforestation, car on a affaire à des éléments gênants. L’immigration profite à beaucoup de gens, des deux côtés de la Méditerranée et ailleurs. La déforestation profite aussi à beaucoup de gens. Si nous ne proposons pas rapidement un statut particulier pour les forêts que nous voulons protéger – ce qui nous coûtera très cher –, dans le cadre d’instruments juridiques internationaux, tout le reste ne donnera rien et nous connaîtrons le même échec qu’en matière d’immigration : on se contentera de répéter qu’il faut sauver la forêt. Nous donnerons de l’argent au Brésil, sans trop savoir ce qu’il en fera. Cette situation semble placide, alors qu’elle est en réalité dramatique ; la France aurait intérêt à davantage éveiller ses partenaires internationaux à son sujet. J’estime que notre monde est dirigé d’une manière placide, comme si nous refusions de voir un certain nombre de problèmes. La lecture du livre de Georges Duby fait comprendre l’importance de la dimension historique des problèmes. Nous devrions donc avoir le courage, de temps en temps, de rompre cette placidité gestionnaire. Ce rapport est très intéressant, sa lecture m’a appris beaucoup et je le conserve précieusement. Toutefois, il convient d’identifier un projet international pour la France, peut-être sous la forme d’un chantier puissant dans le cadre européen. En effet, l’Europe est dépourvue de cette dimension alors même qu’elle tire profit de la déforestation. Dans ces conditions, je suis très réservé au sujet des crédits de la mission Écologie, développement et mobilité durables : au nom des Républicains je ne voterai pas l’avis. M. Bruno Joncour. Au nom du groupe du Mouvement démocrate et apparentés, je remercie M. le rapporteur de cet éclairage, à la fois intéressant et particulièrement opportun, sur les enjeux soulevés par la déforestation. Nous avons été sensibles au désastre qu’ont constitué les immenses incendies de cet été en Amazonie, comme nous l’avons été également à propos des incendies survenus en Californie, en Australie et au Canada. Vous avez raison de le souligner, le soin que nous saurons apporter aux espaces forestiers si importants pour la viabilité de notre Terre sera déterminant pour notre avenir. C’est pourquoi nous saluons l’action de la France en la matière. En effet, elle a su porter ce sujet au cœur des échanges internationaux. Ce fut le cas avec l’accord de Paris signé en 2015, mais aussi lors de la réunion du G7 à Biarritz cet été, grâce à l’action du Président de la République.