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grande puissance parce qu’il a procédé à une déforestation massive pendant cette
période, qui précède la grande époque de la France. Il faut avoir cela en tête quand
on pense aux États en pleine déforestation : l’intérêt national ne coïncide pas
toujours avec l’intérêt international. On le voit aussi en matière d’immigration.
Il faudra que les institutions internationales fassent, tôt ou tard, ce qu’elles
n’ont pas encore fait dans ce domaine comme dans celui de la déforestation, car on
a affaire à des éléments gênants. L’immigration profite à beaucoup de gens, des
deux côtés de la Méditerranée et ailleurs. La déforestation profite aussi à beaucoup
de gens. Si nous ne proposons pas rapidement un statut particulier pour les forêts
que nous voulons protéger – ce qui nous coûtera très cher –, dans le cadre
d’instruments juridiques internationaux, tout le reste ne donnera rien et nous
connaîtrons le même échec qu’en matière d’immigration : on se contentera de
répéter qu’il faut sauver la forêt.
Nous donnerons de l’argent au Brésil, sans trop savoir ce qu’il en fera.
Cette situation semble placide, alors qu’elle est en réalité dramatique ; la France
aurait intérêt à davantage éveiller ses partenaires internationaux à son sujet.
J’estime que notre monde est dirigé d’une manière placide, comme si nous
refusions de voir un certain nombre de problèmes. La lecture du livre de Georges
Duby fait comprendre l’importance de la dimension historique des problèmes.
Nous devrions donc avoir le courage, de temps en temps, de rompre cette placidité
gestionnaire.
Ce rapport est très intéressant, sa lecture m’a appris beaucoup et je le
conserve précieusement. Toutefois, il convient d’identifier un projet international
pour la France, peut-être sous la forme d’un chantier puissant dans le cadre
européen. En effet, l’Europe est dépourvue de cette dimension alors même qu’elle
tire profit de la déforestation.
Dans ces conditions, je suis très réservé au sujet des crédits de la mission
Écologie, développement et mobilité durables : au nom des Républicains je ne
voterai pas l’avis.
M. Bruno Joncour. Au nom du groupe du Mouvement démocrate et
apparentés, je remercie M. le rapporteur de cet éclairage, à la fois intéressant et
particulièrement opportun, sur les enjeux soulevés par la déforestation. Nous
avons été sensibles au désastre qu’ont constitué les immenses incendies de cet été
en Amazonie, comme nous l’avons été également à propos des incendies survenus
en Californie, en Australie et au Canada.
Vous avez raison de le souligner, le soin que nous saurons apporter aux
espaces forestiers si importants pour la viabilité de notre Terre sera déterminant
pour notre avenir. C’est pourquoi nous saluons l’action de la France en la matière.
En effet, elle a su porter ce sujet au cœur des échanges internationaux. Ce fut le
cas avec l’accord de Paris signé en 2015, mais aussi lors de la réunion du G7 à
Biarritz cet été, grâce à l’action du Président de la République.