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À titre d’illustration, en France, avec près de 70 millions de tonnes de CO 2
captées chaque année, la forêt participe activement à la lutte contre le
réchauffement climatique, sans compter le carbone stocké dans les produits en
bois et l’énergie fossile économisée par l’utilisation du bois comme source
d’énergie (1) .
Par conséquent, la réduction de la déforestation, le boisement et la
préservation et la gestion durable des forêts existantes sont des actions qui
contribuent concrètement à l’atténuation du changement climatique. En sens
inverse, la déforestation et la dégradation des forêts ont un impact négatif direct
sur la régulation du climat en réduisant la capacité des forêts existantes à
séquestrer et stocker le carbone et en augmentant les émissions de gaz à effet de
serre via les incendies. Ainsi la déforestation, avec d’autres changements
d’affectation des sols, est responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de
serre à l’échelle mondiale selon des données du GIEC.
Dans son rapport spécial sur le réchauffement planétaire de 1,5 °C
(2018) (2) , le GIEC précise que, même si nous parvenons à éliminer toutes les
émissions de combustibles fossiles, il sera nécessaire, pour empêcher la planète de
se réchauffer au-delà du seuil de 1, 5 °C, d’éliminer de l’atmosphère des quantités
extrêmement importantes de carbone. Il apparaît donc comme une nécessité
d’améliorer la capacité de séquestration et de stockage des gaz à effet de serre.
L’urgence climatique nous oblige à préserver les forêts existantes et à restaurer les
forêts dégradées pour qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle.
2. Le rôle des forêts dans la préservation de la qualité de l’eau et la
régulation de son écoulement
Les forêts mondiales sont primordiales pour la régulation du cycle
hydrique. Elles agissent directement en favorisant les précipitations, en permettant
la recharge des nappes phréatiques et en renvoyant de l’humidité dans
l’atmosphère par évapotranspiration. L’absorption de l’eau en forêt, qui est six
fois supérieure à celle d’une simple parcelle d’herbe de surface égale, permet
également de filtrer l’eau et de la purifier. En effet, les concentrations en nitrates
et en produits phytosanitaires sont considérablement réduites (moins de
5 milligrammes par litre pour les nitrates) dans les eaux issues de la forêt (3) . Plus
des trois-quarts des réserves en eau utilisables du globe proviendraient de bassins
versants forestiers (4) et plus de la moitié de la population mondiale dépendrait
d’elles pour ses tâches domestiques et ses activités agricoles et industrielles.
De plus, les forêts, en absorbant de forts volumes d’eau qu’elle restitue
progressivement, jouent également un rôle de tampon permettant de limiter les
(1) Les forêts, de gigantesques puits de carbone, ONF.
(2) Rapport spécial du GIEC sur le réchauffement planétaire de 1,5 °C (2018).
(3) La forêt et l’eau, un équilibre savant, ONF.
(4) OAA, La situation des forêts du monde : les forêts au service du développement durable, Rome, 2018.