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I. L’ÉTAT DES FORÊTS DANS LE MONDE : UN DÉCLIN PRÉOCCUPANT,
SYMBOLE DES DANGERS QUE L’HUMANITÉ FAIT PESER SUR LA
NATURE
Le rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité de la Plateforme
intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (ou
Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Services – IPBES en
anglais), publié en mai 2019, relève une stabilisation de la superficie des forêts au
niveau mondial.
Néanmoins, comme le note l’OAA, cette stabilisation est globalement
attribuable à une augmentation des surfaces forestières en milieu tempéré qui
compense les pertes de surfaces dans les forêts tropicales.
Par ailleurs, nous assistons à une destruction des forêts primaires, qui sont
des écosystèmes vierges dont les processus écologiques n’ont pas été perturbés par
les activités humaines. Or, les plantations de forêts artificielles ne sont pas en
mesure de compenser la perte de la biodiversité exceptionnelle que ces forêts
originelles abritent.
A. LES ACTIVITÉS HUMAINES SONT LES PRINCIPALES CAUSES DE LA
DESTRUCTION DES FORÊTS MONDIALES
1. Le recul inquiétant du couvert forestier à l’échelle mondiale
La couverture forestière, à la fin de la dernière ère glaciaire – il y a
environ 8 000 ans – est estimée à 62 millions de km 2 soit près de la moitié des
terres émergées du globe. En 2000, plus d’un tiers des forêts mondiales avait
totalement disparu (1) .
Sur la période 2000-2017, plus d’un quart de la déforestation mondiale
observée (27 %) est définitive en raison d’un changement durable d’affectation
des terres au profit de l’agriculture ou de l’urbanisation. Cette disparition
définitive des forêts se concentre dans les zones tropicales et subtropicales dont le
couvert forestier se voit également fortement dégradé par la progression de
l’agriculture rotative (agriculture sur abattis-brûlis). Ce sont les zones tropicales
qui enregistrent la plus forte perte nette de couverture arborée de l’ensemble des
régions du monde (2) .
La déforestation nette, qui est le résultat d’une disparition de certaines
forêts compensée, au moins partiellement, par le boisement ou reboisement
d’autres surfaces, est évaluée en moyenne à 5,2 millions d’hectares par an entre
1990 et 2015 mais elle a varié de 7,3 millions d’hectares par an au cours des
années 1990 pour décroître à 3,3 millions d’hectares entre 2010 et 2015.
(1) Ibid., p. 282.
(2) Ibid., p. 287.