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Les conséquences de ce budget sur la réalité de l’effort écologique de
notre pays montrent que nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux.
Enfin, M. le rapporteur a effectué un déplacement au Liban ; j’ai cherché
en vain dans le rapport le rôle de ce pays dans la lutte contre la déforestation.
M. Sylvain Waserman. Je m’associe au concert de louanges relatif au
travail de M. le rapporteur. Un point cependant me semble insuffisamment présent
dans ce rapport ; il ne figure d’ailleurs pas dans les sept recommandations.
Pourtant, il est lié à de vifs débats que nous avons eus ici au sujet du commerce
international. Ainsi, il est impossible de s’intéresser à la déforestation au Brésil
sans s’interroger sur nos importations. Le rapport dénonce à cet égard une
colonisation agricole. Cependant, le commerce international est également un
levier d’action. La position française en la matière a suscité un débat : elle consiste
à utiliser le commerce international, parallèlement à un engagement réciproque à
respecter l’accord de Paris, comme cela est fait dans le cadre de l’accord
économique et commercial global (AECG), ou CETA.
Le commerce international doit être utilisé comme un levier d’action, ce
qui permettra de dire que l’Union européenne, à terme, commercera de façon
privilégiée avec les pays et les entités respectant les enjeux de biodiversité et
l’accord de Paris.
Ce sujet ne fait pas partie à part entière d’une recommandation. Pourtant,
il y a lieu de répéter constamment la position française, qui est encore trop peu
entendue au sein de l’Union européenne : conditionnons, à terme, nos accords
internationaux de commerce aux impacts environnementaux en matière de respect
de la biodiversité et de gestion du climat.
Mme Bérengère Poletti. Nous avons déjà eu ici des débats très
intéressants au sujet du climat, des océans, et, aujourd’hui, des forêts. Il est aussi
très intéressant de comprendre comment la politique française en matière de
relations internationale a un impact sur ces sujets, qui sont liés.
Selon une étude récente, les surfaces recouvertes de forêts ont augmenté
au niveau mondial de 7 % depuis 1982. Cela correspond à une augmentation de
2,22 millions de kilomètres carrés. Toutefois, l’implantation de ces forêts et la
répartition des essences montrent un déséquilibre. Les zones tropicales sont
menacées à la fois par la déforestation et par les conséquences à venir du
changement climatique. La déforestation y est illégale et génératrice de corruption.
Tel n’était pas autant le cas au moyen âge dans notre pays.
Dans les zones tropicales, la forêt laisse place à des cultures d’huile de
palme et de soja, ainsi qu’à de l’élevage intensif, pour alimenter la consommation
des pays développés. Les traités commerciaux sont cruciaux en la matière : nous
sommes concernés au premier chef par les conséquences de nos choix
commerciaux et de nos engagements dans des traités de libre-échange.