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particulièrement pour que les pouvoirs publics nouent des partenariats
stratégiques ambitieux avec les plus importantes entreprises du secteur du
commerce en ligne afin que celles-ci régulent au mieux par elles-mêmes, en
amont, la publication des annonces litigieuses.
L’existence de liens entre le trafic d’espèces protégées et d’autres
formes de criminalité organisée (blanchiment d’argent, trafic d’armes ou de
biens culturels) est régulièrement signalée, selon des données transmises par la
Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI). Le trafic de
produits issus d’espèces sauvages menacées représente, en effet, une source
importante de revenus pour certains groupes criminels ou terroristes. À titre
d’exemple, selon certaines estimations transmises au rapporteur par la DGDDI,
sur le marché noir, l’ivoire brut serait vendu environ 1 000 euros le kilo tandis que
la corne de rhinocéros serait vendue jusqu’à 60 000 euros le kilo, soit plus que la
cocaïne (30 000 euros le kilo) ou l’or (35 000 euros).
La rentabilité de ce trafic, liée à la faiblesse des risques de poursuites
judiciaires, a incité de nombreuses milices rebelles ou membres du crime organisé
à y prendre une part active (armée de résistance du Seigneur en Ouganda, les
Janjawid au Soudan ou encore les Chabab en Somalie…).
Signe de la préoccupation de la communauté internationale vis-à-vis de
ces réseaux criminels transnationaux, le Conseil de sécurité de l’Organisation des
Nations unies (ONU) a reconnu, dans deux résolutions de 2014 (1) , le lien entre le
trafic d’espèces protégées, le financement des milices et l’instabilité régionale
dans les pays d’Afrique centrale.
FOCUS
L’impact du braconnage sur certaines espèces sauvages emblématiques (2)
Éléphant : les chiffres révèlent une augmentation particulièrement
alarmante du braconnage des éléphants : plus de 20 000 éléphants sont tués
chaque année pour leur ivoire ce qui représente 30 000 à 40 000 tonnes
d’ivoire illégal par an. La population d’éléphants de forêt a chuté d’environ 62 %
entre 2002 et 2011. La population d’éléphants de savane a diminué, pour sa part,
de 30 %, entre 2007 et 2014, dans 15 des 18 pays de l’aire de répartition. Le
déclin actuel, de l’ordre de 8 % par an, est essentiellement causé par le
braconnage.
Rhinocéros : la population de rhinocéros serait, aujourd’hui, tombée à
28 000 individus environ. C’est l’une des espèces les plus menacées par le
trafic illégal. En 2015, en Afrique, au moins 1 338 rhinocéros ont été tués – dont
1 175 individus en Afrique du Sud – par braconniers, ce qui constitue le nombre le
(1) http://undocs.org/fr/S/RES/2134(2014) et http://undocs.org/fr/S/RES/2136(2014).
(2) Données transmises au rapporteur par le Comité français de l’UICN.