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plus élevé depuis des décennies. Ce déclin de la population démontre non
seulement la menace mais aussi la réalité de l’extinction : le nombre de rhinocéros
de Sumatra est inférieur à 100, le rhinocéros noir de l’Ouest a été déclaré éteint en
2006 et la disparition du dernier rhinocéros mâle blanc du Nord acte l’extinction
de cette sous-espèce.
Grands singes : entre 2005 et 2011, au moins 1 019 orangs-outans,
643 chimpanzés, 98 gorilles et 48 bonobos auraient été capturés dans la nature au
profit du trafic illégal. Les principales causes du braconnage les concernant sont :
la demande de commerce de viande de brousse, la médecine traditionnelle
africaine et le marché des animaux vivants. Les extrapolations conduiraient à
envisager des captures de l’ordre de 22 000 grands singes sauvages environ
entre 2005 et 2011 au profit du commerce illégal. La perte annuelle moyenne de
2 972 grands singes pourrait avoir de graves conséquences sur la biodiversité des
régions clés, compte tenu du rôle important que jouent ces animaux dans le
maintien d’écosystèmes sains.
Tigres : la population des tigres était de 3 500 individus en 2014 alors
qu’elle était estimée à environ 100 000 individus, il y a un siècle.
Pangolins : ce mammifère, particulièrement recherché pour ses écailles, sa
peau et sa viande, est une des plus grandes victimes du braconnage. En raison de
la pénurie de spécimens résultant de l’effondrement des populations de pangolins,
les prix sur le marché noir ont connu une augmentation vertigineuse, ces dernières
années.
b. État des lieux du trafic d’espèces sauvages menacées à l’échelle
nationale
La présence de nombreuses espèces protégées sur le territoire national
alimente également le commerce illicite. Ces trafics ne franchissent pas
nécessairement les frontières nationales, à l’instar du commerce illicite de lambis
prélevés illégalement dans certains départements d’Outre-mer.
A contrario, d’autres espèces comme les civelles, font l’objet d’un
important braconnage à destination de l’étranger, essentiellement vers l’Asie. La
chute des stocks – 75 % de baisse des stocks nationaux en trente ans selon
l’Agence française de la biodiversité (AFB) – a entraîné l’interdiction des
exportations de civelles depuis 2010. Néanmoins, la demande restant soutenue,
cette situation accentue la rentabilité de ce commerce illicite. L’achat d’alevins de
civelles est, par exemple, estimé entre 1000 et 4000 euros le kilo à Hong Kong.
En revanche, le commerce intracommunautaire reste légal, rendant ainsi
plus difficile les opérations de contrôle. Certains trafiquants tirent, en effet,
profit de l’absence de frontières intérieures pour transporter les civelles vers
d’autres pays de l’Union européenne avant de les exporter vers l’Asie.