L'ÉCO, la revue de l'environnement du Saguenay Lac-saint-Jean Printemps 2017 | Page 22

Suite au colloque DEMAIN ON MANGE QUOI? du DESS en éco conseil de l’UQAC, plusieurs questionnements et enjeux en sont ressortis. J’étais déjà consciente de la problématique de l’alimentation durable, mais la première partie provenant du professeur Claude Villeneuve m’a ouvert l’esprit et la suite du colloque m’a ouvert les yeux.

Tout d’abord nous sommes dépendants de l’agriculture et des cultivateurs, peu importe notre proximité avec eux et notre reconnaissance envers eux. C’est un service qui est essentiel non seulement pour l'approvisionnement dans plusieurs sphères économiques et type de marché, mais aussi pour un service écologique et culturel.

Aujourd’hui, la population démographique qui augmente entraîne avec elle une demande plus élevée envers le secteur de l’agriculture, mais aussi l’inverse: on vit encore une urbanisation qui déconnecte les gens avec ce service essentiel. Que ce soit avec les enfants qui dessinent des poissons carrés (croquette de poisson) ou les individus qui dénigrent ou ne reconnaissent pas le secteur, on s’aperçoit que la cassure entre l’assiette et le champ est présente dans notre société. Au niveau mondial, les pays en voie de développement sont aussi en voie de changement de niveau trophique (élévation dans la chaîne alimentaire) on observe actuellement une augmentation de consommation de 26% des viandes et de 32% des poissons.

Par contre les gens connaissent mal le cycle de vie des produits alimentaires et leurs impacts économiques, sociaux et écologiques. Est-ce normal qu’un produit dont la semence provient du Brésil, qui a été cultivé en Inde avec des fertilisants et pesticides de Chine et qui a été exporté au Canada jusque dans nos épiceries soit plus abordable pour le consommateur que le même aliment dont la semence, le fertilisant, la terre et le producteur soient du Québec? Est-ce normal que les aliments biologiques qui atteignent nos tablettes d’épicerie proviennent de culture et d’élevage industriels et non de PME locale?

Les impacts écologiques, sociaux et économiques sont moins positifs lorsque nos produits de consommation viennent de loin, ce qui signifie que notre modèle actuel d’alimentation n’est pas durable, ou du moins, ne correspond pas à un développement durable de notre chaîne d’approvisionnement alimentaire. Même si on achète biologique et même si on achète équitable, une banane dôle reste une banane dôle… malgré que l’on fait un pas de plus vers un monde plus libre, plus juste, plus vert et plus responsable, comme le dirais la professeure Nicole Huybens.

Le marché actuel a laisser place à un oligopole au niveau des fournisseurs, des producteurs et des distributeurs, c’est-à-dire qu’il y a peu d’offreurs pour la demande, ce qui signifie que le marché se partage entre très peu de mains. Avez-vous remarqué que peu importe où vous allez au Québec ou au Canada vous allez retrouver les mêmes épiceries et leurs filiales avec les mêmes produits qui viennent des mêmes distributeurs et fournisseurs?

Roxane Girard

Auteur invitée

L'alimentation durable

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