MAISON DE PRESTIGE
ERIC CHAVOIX
LE SMART ARCHITECTE
ERIC CHAVOIX THE SMART ARCHITECT
La carrière d’Eric Chavoix, grand nom de l’architecture entre Paris et l’océan Indien, suit une
trajectoire aussi fascinante que brillante. Il nous ouvre les portes de son atelier.
The career of Eric Chavoix, a major figure of architecture from Paris to the Indian Ocean, follows a path
that is both fascinating and brilliant. He opens the doors of his studio to Luxury Mauritius.
PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE COULIER
ric Chavoix, ancien des célèbres Ateliers Jean
Nouvel à Paris, a travaillé deux ans sur la Fondation
Cartier pour l’art contemporain. Après un passage
à New York, il s’installe à Maurice, terre natale de sa
mère, et y crée No Coffee Architects puis Eric Chavoix
Architects. Il nous accueille dans ses bureaux au
cœur de l’île à Vacoas : une bâtisse créole aux parois
en bois brut dans un jardin verdoyant.
Des Ateliers Jean Nouvel à votre propre agence à Vacoas, cela en
fait du chemin. Pourquoi avoir choisi l’île Maurice ?
J’y suis venu plusieurs fois en vacances pour voir ma famille. En
1998, juste après avoir réalisé une villa à mon propre compte à
New York, je recherchais un mode de vie plus sain. J’ai décidé de
m’établir à Maurice et d’y créer ma propre agence. En 3 semaines,
on m’a proposé 12 projets !
Vous décrivez Eric Chavoix Architects comme un studio
“purement mauricien”. Que pensez-vous du développement
architectural du pays ?
Il y a plusieurs architectures à Maurice. D’abord, celle de ceux qui
ont peu de moyens et n’ont pas d’autre choix que de s’improviser
architectes. Malheureusement, le résultat manque souvent de
cohérence et d’harmonie. Il faudrait pouvoir changer cela par plus de
contrôle et d’accompagnement. Puis, il y a l’architecture des bâtiments
publiques et du logement social qui évolue, mais qui mériterait plus de
temps et de moyens. Enfin, il y a l’architecture plus haut de gamme,
qui se remet de plus en plus rapidement en question. Aujourd’hui à
Maurice il y a de bons architectes, et grâce aux voyages et à Internet,
notre culture générale visuelle et nos inspirations sont de plus en plus
riches. Cependant, il est très important de protéger nos plages, elles
sont la signature de notre île.
L’île Maurice a le projet de bâtir des Smart Cities. Qu’en pensezvous ?
Je pense que les Smart Cities dans le monde sont une tendance
très intéressante. Créer de toutes pièces une nouvelle ville est
passionnant, mais extrêmement dangereux. Nous vivons sur
une petite île, et il est indispensable de prendre ce sujet très au
sérieux. Je crains que dans le cas contraire, l’on ne se retrouve
avec des lieux où personne ne voudra vivre. Pour éviter cela,
il faudrait constituer un comité d’experts multidisciplinaires
au niveau national. Le projet doit être durable dans le contexte
mauricien, car on ne peut pas non plus reproduire des schémas
étrangers : Maurice, ce n’est ni l’Afrique du Sud ni Dubaï !
Enfin, il est essentiel de placer la culture et la nature au centre
de nos villes. Elles devraient être organisées autour d’un espace
vert, d’un opéra, d’un musée…
Justement, à propos de culture, vous travaillez aussi pour le
festival Porlwi by Light ?
Je suis membre du comité artistique, et suis très honoré de
faire partie de cette merveilleuse équipe. Il y a une énergie
incroyable. Nous avons une capitale magnifique, elle mérite une
vraie régénération et de retrouver une vie nocturne et culturelle
comme toutes les capitales du monde. Le festival a prouvé
qu’investir dans l’art et la culture à Maurice peut créer de la
richesse, des revenus et de l’emploi.
Quels sont vos prochains projets ?
À l’étranger, nous travaillons sur plusieurs projets d’hôtels
et de boutique-hôtels. À Maurice, nous livrerons les 15
appartements RES Erok sur la très belle plage du Merville,
à Pereybère, fin 2017. Je travai lle aussi sur une nouvelle
phase ambitieuse du BioPark Socota Phoenicia à Phoenix,
un projet primé comme l’un des 30 plus beaux au monde
par la World Architects Community. En parallèle, je planche
aussi sur quelques projets de résidences privées. Que ce soit
en Europe, à St Barth, à New-York ou à Anahita, l’exercice
est toujours aussi passionnant et intime. L’approche est
différente, basée sur l’échange. Ce sont mes plus belles
histoires d’architecte !
ÉDITION 2017
93