Alexandra Henrion-Caude à l’ entrée de son laboratoire Alexandra Henrion-Caude in front of her laboratory © Anaïs Dercy
qu’ il est encore enfant, qu’ il est un maillon d’ une chaîne. Étant le seul à l’ avoir compris, cela lui donne des responsabilités vis-à-vis du monde animal et végétal.
Où en est Maurice concernant le développement durable? Je pense que c ' est l ' un des défis qui reste à relever: Maurice, ou l’ intégration réussie du bleu et du vert. En ce sens, l ' institutionnalisation de l’ EDB est une chance extraordinaire pour faire changer les choses. Le fait de réunir toutes ces institutions vers une stratégie de développement commune peut avoir un impact positif sur notre mode de vie. Il en va de l’ intérêt de chacun que l’ environnement soit respecté.
Vous êtes membre du board de l’ EDB. En quoi votre bagage scientifique est-il un atout pour cette institution? Mon bagage scientifique me donne cette capacité, typique des scientifiques, de s’ attaquer aux problèmes très complexes sans en avoir peur. Il me donne aussi une boîte d’ outils pour savoir aborder de manière rigoureuse cette complexité. Je souhaiterais organiser des systèmes de suivi de nos actions, ce qui permettra à Maurice, sur le long terme, de conserver les bénéfices de ce qui fonctionne, et de réajuster ce qui ne fonctionne pas, même en cas d’ alternance politique. Enfin, ayant obtenu en 2013 le prix américain Eisenhower Fellow, j’ ai aujourd’ hui cette vision holistique, intégrative, qui est nécessaire quand on s’ attaque à l ' économie d’ un pays insulaire comme Maurice. J’ ai pu explorer tout ce qui relève des nouvelles technologies et de l’ intelligence artificielle. J’ ai été ainsi reçue par les géants américains Monsanto et Google. J’ ai eu la chance de comprendre beaucoup de choses avec une longueur d’ avance sur la majorité du reste du monde, car j ' étais là où ça sortait du four!
Parlons de vos travaux. Quelles sont vos découvertes les plus importantes? Avez-vous d’ autres sujets de recherche actuellement? Ma dernière découverte est celle de petites molécules qui permettent d’ envisager un tout nouveau type de communication au sein de la cellule, soit entre le disque dur de nos cellules( le noyau) et ses petites centrales nucléaires qui produisent de l ' énergie( les mitochondries). À partir du moment où vous êtes dans cette communication du flux énergétique cellulaire, vous êtes au cœur de beaucoup de décisions puisque c’ est dans ces mitochondries que vont se décider le fait même d’ avoir de l ' énergie, le fait d’ assurer le métabolisme, ou la programmation de la mort cellulaire. Cette découverte nous offre de nouvelles pistes de recherche sur de nombreuses maladies, comme les cancers. Un autre sujet de recherche sur lequel je travaille est celui des origines de la vie. Plus précisément, sur les séquences qui seraient capables, en théorie, de modéliser l’ origine de la vie sur Terre.
Alexandra Henrion-Caude holds a PhD in Genetics. Her postdoctoral researches at the Harvard Medical School led her to a brilliant career on the international scene. Research Director at the INSERM( French national health and medical research institute) and Chair of the Eisenhower Fellowships of France, she is the author of more than a hundred international research publications. At the beginning of 2018, she waived the right to lifetime salary offered to INSERM research directors after opening a research institute, Simplissima, in Port-Louis, thereby becoming one of the directors of the Economic Development Board( EDB) of Mauritius.
Dr Alexandra Henrion-Caude, of all the opportunities that a brilliant career such as yours could bring to you, you chose Mauritius. Why? Before I ever came to Mauritius, I long had a distant and distorted vision of the island as a tourist paradise. It never occurred to me that Mauritius could be something else: a country with a diversified economy, for instance. I first got interested in the country when a woman with a scientific background was appointed President. It triggered my attention. Then, I discovered the melting pot, the ethnic diversity and particular cross-culture integration that characterise the island, leading to the peaceful coexistence of all. I realised that Mauritius can be perceived in two ways: either as a drop in the ocean, or as the centre of the world( laughs)! In both cases, the stage is now set for Mauritius to emerge as a success model in the eyes of the world! Moreover, there is something magical with its marvellous nature and biodiversity, which provide an infinity of research possibilities.
Hence the creation of Simplissima, a research institute in Port-Louis, this year! Can you tell us where the scientific interest of our island lies? What will be the focus of your research? My focus is on all those health solutions that hold great value in the
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