Luxury Indian Ocean LUXURY INDIAN OCEAN #8 EDITION 2019 | Page 102
IMMOBILIER
Une palette d’habitations
En se promenant à travers les îles de la région, on admire plusieurs
types d’habitations traditionnelles : du bâtiment administratif à la
maison créole, en passant par de grandes demeures qui trônent au
cœur des plantations.
Les bâtiments administratifs coloniaux aux volumes imposants
concilient confort, fonctionnalité et esthétisme. Souvent situés
dans le centre-ville, ils possèdent une façade à colonnades de style
néoclassique, plutôt sobre et impersonnelle. « Ces bâtiments sont faits
pour impressionner et pour durer », écrit Jean-Michel Jauze, qui cite
en exemple l’Hôtel du Gouvernement à Port-Louis (Maurice), édifié
en 1730, ainsi que l’Hôtel de Ville de Saint-Denis (La Réunion) dont
les plans avaient été validés par le roi Louis-Philippe en 1846.
Certaines caractéristiques typiques de ces bâtiments – l’absence de
fioritures, les hauts plafonds, la symétrie des ouvertures facilitant
l’aération naturelle des pièces… – se retrouvent dans les maisons
des plantations. Ces habitations, entourées d’arbres centenaires et de
massifs fleuris, se distinguent par l’opulence de leurs intérieurs, où
meubles en bois massif et porcelaines de Chine rivalisent d’élégance.
Plantation House Museum, La Digue, Seychelles
Enfin, les cases créoles au look fantaisiste, éparpillées à travers les
campagnes ou regroupées dans les quartiers historiques des villes
et des villages – comme à Port-Mathurin (Rodrigues), La Digue
(Seychelles) et Mahébourg (Maurice) – séduisent les visiteurs avec
leurs couleurs éclatantes. Un parquet rouge vous y accueille, le fameux
châlis, traditionnellement ciré avec de la fibre de coco.
Une architecture intelligente
Les premiers occupants des îles privilégient la construction rapide
d’abris contre les intempéries. Mais le projet de peuplement
permanent, stimulé par le commerce naval puis l’économie
de plantation, oblige les colons à s’organiser. Au 19 e siècle, les
charpentiers de marine puisent dans les réserves d’essences locales
pour bâtir des habitations plus solides : bois de fer, bois de natte,
bois d’ébène. Les maisons précaires recouvertes de feuilles de latanier
sont donc progressivement remplacées par des maisons en bois ou
en pierre.
« L’architecture indianocéanique est le fruit du bon sens », écrit le
Pr. Jean-Michel Jauze. Protection des façades du climat, séparation
des pièces de vie et des pièces à usage domestique (cuisine et salle
d’eau) et utilisation des matériaux locaux sont privilégiés. Mais la
pièce maîtresse de l’architecture créole, véritable trait d’union entre
les résidences de l’océan Indien, est la varangue.
Architecture créole à St Gilles, La Réunion
Creole architecture in St Gilles, Reunion island
Quand beauté rime avec fonctionnalité
Des plus rustiques aux plus majestueuses, les maisons créoles ont en
commun la quête de l’esthétisme pratique. À l’époque, la construction
d’un bâtiment repose sur le talent des artisans locaux : charpentiers,
ferblantiers, tailleurs de pierres…
De fines arabesques en fer forgé, les lambrequins, ornent les toitures,
auvents et balustrades. Ces motifs fantaisistes ont l’avantage de
faciliter l’écoulement de l’eau de pluie. Les toits eux-mêmes sont
inclinés à 45 degrés afin de mieux résister aux intempéries. Les
maisons les plus luxueuses sont surélevées par un soubassement en
pierres basaltique qui les protège des inondations et des insectes, et
contribue à isoler l’habitation du sol.
Enfin, le bleu dit Wegdewood, un mélange de chaux et de
permanganate, protège les boiseries des termites – comme à La
Villebague (Maurice). Selon les auteurs de La Vie en Varangue, le
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Ancienne maison créole à Antalaha, Madagascar
Old creole house in Antalaha, Madagascar