MAURITIUS
Genaro , le patron devenu « cleaner » de mangrove
Il y a quelques temps encore , les speedboats de Genaro Bhuttoo tournaient à plein régime . Depuis le confinement , le carnet de commandes d ’ Angel Cruises , à Grand Port , est vide .
En août , le naufrage . Genaro met bénévolement sa science du lagon au service des opérations de nettoyage . Et puis … le vide : « Je n ’ en pouvais plus de rester à la maison , sans rien faire . Les dépenses , les dettes , je ne m ’ en sortais plus . »
Mi-septembre , il frappe à la porte de Polyeco , la société grecque chargée de dépolluer la côte sud-est . « Ils m ’ ont dit : ‘ Tu commences demain à 7h ’ ». Depuis , Genaro astique au Kärcher la mangrove et les roches de Rivière des Créoles . Un travail « difficile , mais nécessaire ».
« C ’ est quatre à cinq fois moins que ce que je gagnais avant . Et précaire : ils peuvent me remercier demain », lâche-t-il . « Mais c ’ est un travail important . Je dirige une équipe de quatre personnes qui , 9h par jour , répare une nature malmenée ».
Genaro , the boss who became a “ mangrove cleaner ”
A little while ago , the speedboats of Genaro Bhuttoo were running at full speed . Since the lockdown , the reservation list of Angel Cruises is empty ...
Then the shipwreck happened . He put his knowledge of the lagoon at the service of the clean-up operations . And after that … emptiness : “ I couldn ' t take it any longer , doing nothing . The expenses , the debts ... I was defeated .” In mid-September , Genaro knocks at the door of Polyeco , the Greek company in charge of the clean up of the southeast coast . “ They told me : ‘ You start tomorrow at 7a . m ’.” Since then , armed with his Kärcher , Genaro scours the stained rocks and mangroves of Rivière des Créoles — a “ difficult , but necessary ” job , according to him .
“ Compared to what I was earning before , it ' s four to five times less . Plus it ' s precarious : they can let go of me overnight ,” he says .“ But it is an important work . I lead a team of four people who , nine hours a day , repair a battered nature .”
© Laura Morosoli
Natasha joue la carte du collectif
« Les photos du lagon pollué ont fait le tour du monde . Mais on ne voit aucune image de l ’ impact social , tout aussi dévastateur », analyse Natasha Magraja , 44 ans . Propriétaire du craft shop I Love Mahebourg , cette année , elle n ’ a « travaillé qu ’ un mois ». Bien trop peu .
Résignée ? Jamais . Pour maintenir son village en vie , Natasha a donné un nouveau souffle à Mahebourg Otantik , le collectif informel créé en 2018 . « Après le Wakashio , le collectif a ressenti le besoin de grandir . On a décidé de nous structurer en association , avec un projet plus consistant , pour agir vraiment , proposer des solutions », explique-t-elle .
Ce nouveau projet tient en un mot : rebondir . En misant en priorité sur la formation , la culture et le développement durable . Aujourd ’ hui , Mahebourg Otantik est porté par une quarantaine de personnes , « toutes liées par l ’ amour de leur village ». Natasha en est convaincue : « Cet amour peut soulever des montagnes . »
16