L’extension des études universitaires de médecine au Luxembourg Extension des études universitaires de médecine | Page 2

1. INTRODUCTION En septembre 2016, l’auteur des pages suivantes a publié un article critique sur le projet de créer au Luxembourg une Medical School 1 . Ce texte avait pour origine des observations et compléments initialement destinés à la mise à jour de l’ouvrage sur les défis de l’Université du Luxembourg (UL) paru en 2010 2 . Mais compte tenu de l’ampleur qu’a prise au Luxembourg, à partir de 2013, l’opinion favorable à la création d’une Luxembourg Medical School (LMS), il nous a alors semblé utile de rédiger en 2016 un texte exclusivement consacré à ce sujet. Le 22 mars 2017, le gouvernement luxembourgeois a adopté des mesures assurant une extension des études universitaires de médecine au Luxembourg sans toutefois retenir la création d’une Medical School. Le présent document analyse et commente ces décisions. Au préalable, des caractéristiques concernant la situation au Luxembourg des médecins et des formations médicales sont évoquées. Le présent essai fournit par ailleurs un aperçu succinct de la conception d’une Luxembourg Medical School, élaborée de 2013 à 2016 sous la tutelle de quelques professeurs de l’UL formant le comité exécutif de ce projet. Selon l’Association luxembourgeoise des étudiants en médecine (ALEM), faire des études de médecine est devenu de plus en plus difficile pour des résidents du Luxembourg. L’ALEM a estimé en 2011 que, s’il n’est pas remédié à cette situation, le Luxembourg sera confronté à une pénurie de médecins à partir des années 2020. Cette appréciation était partagée par l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD), tandis que la menace d’un manque de médecins était mise en doute par le ministère de la Santé. En effet, une telle probabilité dépend de nombreux facteurs imprévisibles, comme par exemple l’installation de praticiens étrangers au Luxembourg. Il n’en reste pas moins que l’objectif principal des orientations arrêtées en mars 2017 consiste à garantir l’approvisionnement suffisant et durable en médecins au Luxembourg. A la suite de deux exposés faits en 2013 par le professeur Ludwig Neyses, alors vice- recteur Recherche de l’Université du Luxembourg, devant le Conseil de gouvernance de cette institution au sujet de la formation médicale 3 , beaucoup de médecins, d’étudiants en médecine et d’autres intervenants du secteur de la santé ont été convaincus qu’il serait souhaitable, non seulement d’offrir au Luxembourg une 1 ère année de médecine, mais d’y dispenser une formation médicale de base de six ans par la création d’une Medical School, dépendant de l’Université du Luxembourg mais ne constituant pas une Faculté de médecine. Cette requête, essentiellement fondée sur la prévision d’une pénurie de médecins, a amené le gouvernement en 2014 à demander à l’UL ainsi qu’au cabinet d’audit Deloitte d’évaluer la faisabilité d’une Luxembourg Medical School. Les rapports sur ces investigations ont été remis en 2015 au gouvernement et à la Commission de la Chambre des députés qui a dans ses attributions l’Enseignement supérieur et la Recherche. Ni l’association des médecins, ni celle des étudiants en médecine, ni l’Université du Luxembourg, ni le gouvernement n’avaient proposé la création d’une Luxembourg Medical School avant la prise de position de 2013 en faveur de cette idée par le professeur Neyses. Toutefois, au début de 2010, Rudi Balling, le directeur du Luxembourg Centre for Systems 2