L’extension des études universitaires de médecine au Luxembourg Extension des études universitaires de médecine | Page 16

Dans un article intitulé Les études de médecine vont devoir évoluer, paru dans le Hors- série La Santé et la Médecine des publications Le Monde et La Vie en août 2017, Marina Cavazzana, professeure des universités, praticienne hospitalière, prix de l’Académie de médecine en 2016 pour l’ensemble de ses recherches, conclut ainsi ses considérations : « In fine, pour réaliser l’ensemble de ces défis, les études de médecine doivent évoluer pour permettre l’émergence d’une nouvelle génération de médecins capables de jongler entre diagnostic génétique, prévention, nouvelles technologies et nouveaux médicaments, éthique et financement de la santé publique dans un nouveau parcours interdisciplinaire. » Il va de soi que le niveau du premier cycle d’études médicales dispensé à l’UL dépend de la possibilité de recruter des enseignants-chercheurs de premier plan, répondant aux standards internationaux de qualité. En ce qui concerne la politique de recrutement du personnel enseignant, le Conseil exécutif du World Federation for Medical Education (WFMF), dans sa préface sur les Global Standards in Medical Education de juin 2001, dit à propos du « basic standard » : « The medical school must have a staff recruitment policy which outlines the type, responsibilities and balance of academic staff required to deliver the curriculum adequately, including the balance between medical and non-medical academic staff, and between full-time and part-time staff, the responsibilities of which must be explicitly specified and monitored 15 . » Les cours magistraux sur les sciences fondamentales devraient en principe être donnés à l’UL par des professeurs d’université ou, dans certains cas, par leurs assistants. A cet effet, il faudrait, entre autres, déterminer les domaines retenus, la durée des cours, le nombre et les compétences des professeurs et chercheurs engagés, leur rémunération, les langues utilisées. A cause d’un milieu scientifique assez modeste, comparé aux critères internationaux (absence de Faculté de médecine, spécialisation insuffisante, recherche médicale limitée, etc.), on peut s’attendre qu’il sera sûrement très difficile de faire venir au Luxembourg des enseignants- chercheurs d’une grande compétence. Voici, à ce sujet, l’avis du Dr Nico Haas, médecin coordinateur de la formation spécifique en médecine générale : « Allerdings ist Luxemburg zurzeit nicht ausreichend attraktiv, um wirklich grosse medizinische Experten anzulocken » (Tageblatt du 22.11.2016). En décembre 2017, le conseil de gouvernance de l’UL a approuvé le texte d’une offre d’emploi pour recruter un professeur en biomédecine qui sera au début de ses activités surtout responsable du développement des études de Bachelor in medicine. Il est sans doute prévu que des médecins d’hôpitaux luxembourgeois soient chargés à temps partiel de travaux pratiques, d’études dirigées et de stages cliniques d’initiation. Pourtant, la médecine hospitalière libérale, telle qu’elle est pratiquée au Luxembourg dans trois des quatre hôpitaux, n’est guère compatible avec cette nouvelle mission (seul environ un quart des médecins luxembourgeois sont des salariés). « Le CHL est le seul centre hospitalier dans lequel des médecins travaillent comme salariés à plein temps à l’hôpital » (p. 124 du Rapport annuel du CHL de 2015). Compte tenu des qualifications professionnelles des médecins du milieu hospitalier luxembourgeois, on peut se demander s’il n’aurait pas mieux valu de les associer au deuxième cycle d’études médicales, au lieu de leur confier des cours du premier cycle. Toutefois, une telle solution n’était pas compatible avec la création d’un Bachelor in medicine à l’UL. (En 16