En effet, Le temps politique en démocratie est un temps double : il est celui de l’élection
qui se prépare et se déroule et il est celui de l’action publique par les pouvoirs élus.
• Le temps de l’élection a largement cédé aux impératifs des médias de l’instantané
: les candidats ont appris à essayer de faire le buzz pour être médiatiquement
présents. C’est la logique des petites phrases et effets d’annonce, dont l’ambition
est d’occuper l’espace médiatique pour trouver la visibilité jugée nécessaire.
• D’un autre côté, le temps de l’action politique, ou plus précisément de ses résultats
éventuels n’est de toute évidence pas entré dans l’univers de l’instantané : si
certaines décisions portent un changement immédiat, il demeure globalement ancré
dans une réalité qui est celle d’équilibres de pouvoirs, de décisions économiques et
sociales, de positionnement d’acteurs dont les effets ne peuvent pas être immédiats.
L’équilibre actuel n’est pas favorable aux pouvoirs élus et ce absolument dans tous
les pays du monde. Au regard de l’impatience des médias, qui est désormais celle
des populations, et de la capacité exponentielle de diffusion des réseaux sociaux, le
temps politique au Sénégal est surtout producteur de frustration et de contestation
qui sont un terreau fertile pour l’opposition. Elle crée des polémiques, les exploite et
se positionne comme solution. En d’autres termes elle applique le principe de base
du pouvoir de l’influence et du contrôle sur les masses tel qu’il est théorisé par Mayer
Amshel Rothschild : « Lorsque vous prenez l’apparence du pouvoir les gens vous le
donnent bientôt ».