Leia Majdoub | Page 6

S’il me reste un ami, qu’il m’enchaîne sur l’heure,

À présent que je suis calmé.

Mon bras par la fureur tantôt vient d’être armé :

Battue, hélas ! Corinne pleure !

Oh ! j’aurais pu frapper alors mes chers parents,

Faire aux Dieux mêmes quelque outrage.

Quoi ! le seigneur Ajax n’a-t-il pas dans sa rage

Égorgé des troupeaux errants ?

Aux infernales Sœurs le parricide Oreste

N’osa-t-il pas lancer des traits ?

Moi, j’ai donc pu m’en prendre à ses cheveux épais.

Quel désordre charmant, du reste !

Sa beauté s’en accrut : ainsi, l’arc à la main,

Courait la fille de Schénée,

Et pleurait Ariane, en voyant de Thésée

Les vaisseaux fuir dans le lointain.

Telle Cassandre encor, n’étaient ses bandelettes,

Gisait dans ton temple, ô Pallas.

Qui ne m’aurait dit : « Fou ! » même : « Barbare ! » hélas !

Elle, rien : des larmes muettes.

Je n’en lisais pas moins ma honte dans ses yeux

Plus accablants que des paroles ;

Mais que n’ai-je plutôt sans bras vu mes épaules !

Être sans bras eût été mieux.

Pernicieux emploi de mes forces maudites !

Leur excès est mon châtiment.

À bas, main sacrilège, odieux instrument,

Subis les fers que tu mérites !