Leia Majdoub | Page 22

Hélas ! mon Dieu, y a-il en ce monde

Mal ou ennuy dont on ayt congoissance,

Qui soit égal à ma douleur profonde ?

Hélas ! mon Dieu, si j'avois la puissance

De déclairer la peine que je porte,

Ce me seroit une grande allégeance.

Hélas, mon Dieu, pitié estes vous morte ?

Qui vous défend que mort ne me contente

Puis qu'autre espoir je n'ay qui me conforte ?

Hélas, mon Dieu, le temps de mon attente

Se va passant comme songe et fumée,

Et. ma douleur est seule permanente.

Hélas, mon Dieu, amie trop aimée,

Voyez vous point à mon deuil importable

Vostre grand tort et foy peu estimée ?

Hélas, mon Dieu, s'amitié perdurable

D'ingrat oubli est mal récompensée;

J'en ay la peine et autre en est coulpable.