Hélas ! mon Dieu, y a-il en ce monde
Mal ou ennuy dont on ayt congoissance,
Qui soit égal à ma douleur profonde ?
Hélas ! mon Dieu, si j'avois la puissance
De déclairer la peine que je porte,
Ce me seroit une grande allégeance.
Hélas, mon Dieu, pitié estes vous morte ?
Qui vous défend que mort ne me contente
Puis qu'autre espoir je n'ay qui me conforte ?
Hélas, mon Dieu, le temps de mon attente
Se va passant comme songe et fumée,
Et. ma douleur est seule permanente.
Hélas, mon Dieu, amie trop aimée,
Voyez vous point à mon deuil importable
Vostre grand tort et foy peu estimée ?
Hélas, mon Dieu, s'amitié perdurable
D'ingrat oubli est mal récompensée;
J'en ay la peine et autre en est coulpable.