Leia Majdoub | Page 10

Si tous les deuils, les larmes, les chagrins,

Et les douleurs, dommages et misères

Qu'on ait ouïs en ce siècle dolent Étaient ensemble ils paraîtraient légers

Près de la mort du jeune roi anglais.

Jeunesse en restent douloureux,

Le monde aussi, obscur et ténébreux.

Privé de joie, plein de pleurs et colère.

Tristes, dolents, débordants de chagrin

Sont demeurés les courtois soudoyers,

Les troubadours et jongleurs avenants.

Mort leur fut trop terrible guerrier

Qui leur ravit le jeune roi anglais

Près de qui sont avides les plus larges.

Devant ce mal en ce siècle ne fut

Ni ne sera plus grand cri de colère.

Farouche mort tout emplie de chagrin

Vante-toi donc, hélas, tu nous as pris

Le chevalier le meilleur de ce monde.

Car il n'est rien de précieux et grand prix

Qui ne fût tout au jeune roi anglais.

Mieux eut valu, si

Dieu choyait raison

Qu'il vécût, lui, plutôt que maints fâcheux

Qui font aux braves et malheurs et misères.