Le Petit-National - Août - Septembre 2013 | Page 25
Dans l’œil du transit
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L’eau
Par temps chaud, quel plaisir d’ouvrir grand le robinet et de se servir un bon verre d’eau fraîche; quel plaisir aussi de prendre une douche ou carrément se jeter à l’eau si on a la chance de vivre près d’un plan d’eau. L’eau est un cadeau du ciel. Elle est tombée, quelque part dans une forêt, sur un flanc de montagne reculé ou peut-être dans un pré le long d’une route. Dès le moment où elle touche le sol, l’eau commence à couler sur la pente naturelle du terrain pour éventuellement rejoindre le premier ruisseau. Ces pentes naturelles qui convergent vers un plan d’eau s’appellent un bassin versant et chaque ruisseau a le sien. Chaque lac ou rivière a aussi son propre bassin versant, plus grand et constitué d’un réseau de ruisseaux qui convergent vers ce plan d’eau. Tout au long de son trajet, l’eau est oxygénée dans de multiples cascades, des rapides et de grosses chutes par endroits. L’eau est également protégée par la rive naturelle; un environnement particulièrement riche en espèces animales et végétales qui profitent de la rencontre du milieu terrestre et aquatique, y foisonnent, se nourrissant les uns des autres. On trouve sur la rive une très grande variété de plantes, des plus minuscules aux plus grandes et toutes ces plantes jouent un rôle très particulier. Elles agissent comme un filtre très efficace qui empêche les matières organiques en décomposition, qu’elles soient d’origine animale ou végétale, de se rendre jusqu’au plan d’eau par ruissellement. Leur enchevêtrement retient ces matières sur la terre ferme, protégeant ainsi la qualité de l’eau du ruisseau, de la rivière ou du lac. Les plantes servent également à prévenir l’érosion des berges par l’action de l’eau ou des glaces au printemps. Il existe malheureusement de plus en plus de lacs qui ne sont désormais plus propices à la baignade. Au cours des décennies, ces lacs ont vu leurs berges transformées en pelouses ou carrément dénudées de toute végétation ou même remblayées. Le filtre naturel a disparu. Ainsi, année après année, les matières organiques et l’engrais des pelouses ont ruisselé vers le fond du lac et ont fini par former une couche d’engrais idéale pour la croissance des algues. Les algues se sont mises à se décomposer annuellement à leur tour, de la même manière que les feuilles des arbres se décomposent sur la terre ferme. Le cycle de vieillissement du lac était amorcé, et ce, sans possibilité de retour en arrière. Adieu baignade, adieu eau cristalline; certains lacs sont irrécupérables dû à la quantité d’engrais qu’ils contiennent et qui augmente chaque année. Les ruisseaux alimentent les rivières et les lacs. Cette eau qui circule de l’un à l’autre est un cadeau du ciel en plus d’être notre bien commun. En protégeant ma rive, je protège mon eau et celle de toute ma communauté. Ce que je fais de ma rive se répercute nécessairement au delà des limites de ma propriété. Il est facile de protéger ma rive. Je n’ai qu’à m’asseoir, chapeau de paille, lunettes fumées, petite consommation rafraîchissante (pourquoi pas), tout en regardant la nature travailler à ma place. Elle sait bien faire. Je verrai s’installer de nouvelles plantes et au bout d’un certain temps, j’entendrai de nouveaux chants d’oiseaux. Pour plus de renseignements sur la réglementation en vigueur quant à la protection des rives, on peut consulter le règlement 104-2009 de la Municipalité Régionale de Comté de Papineau (MRC Papineau - http://www.mrcpapineau.com/97|Lacs-et-cours-deau#protection%20rives). Gérald Drew, arpenteur-géomètre, biologiste