PAGE 12 | HISTOIRE
C’est ici l’apport de l’histoire coloniale. Elle est initiée par les « Postcolonial Studies »dans les
pays anglo-saxons depuis les années 1980, qui s’attachent à observer les situations coloniales
(notion introduite par Georges Balandier en 1951) de l’intérieur. De ce fait, elles reprennent
les « Subaltern Studies », qui essayent de montrer l’histoire que l’on n’entend pas, celle des
populations colonisées et marginalisées dans les discours coloniaux à cause de leurs critères
discriminants (couleur de peau, religion, coutumes…).
Ce« tournant global »comme on l’appelle tente de changer l’historiographie (l’écriture de
l’histoire) que l’on a du passé colonial, à déconstruire les préjugés sur la « domination
européenne » et à démontrer que la colonisation a eu un impact direct sur la construction des
sociétés aujourd’hui, qu’elles eussent été dans le camp des colonisateurs ou des colonisés.
Plusieurs historiens représentent aujourd’hui ce courant méthodologique : parmi eux,
Romain Bertrand (qui a voulu une histoire à part égale, où chacun est reconnu comme acteur
et qui a du traduire de nombreuses langues locales dans ses recherches), Raphaëlle Branche
(auteure de L’Armée et la Torture durant la guerre d’Algérie 1954-1962, 2001), Sanjay
Subrahmanyan etc…
Pourtant, si l’idée d’étudier des archives locales sur des territoires non-européens afin de
dresser des situations de contact et pourtant peu connues, cette méthodologie fait face à de
nombreux obstacles.