La Sultane N61 | Page 7

EDITO

Houda Chouk

Le palais murmure

Être … Un mot aux connotations étranges , souvent galvaudées . Rarement incarnées . Nous consacrons tout notre temps à vouloir l ’ habiter . Nous y parvenons , lorsque nous réalisons que tout ce dont nous disposons se trouve ici et maintenant . Le bonheur , cette entité illusoire en fuite constante , est le but ultime du genre humain . Un désir suprême accompagne une sourde douleur , insensible à la complainte fébrile de nos cœurs . Nous sommes frustrés de ce qui nous est refusé . Faut-il voir nos souhaits frappés d ’ interdit ? Nous voilà contrariés par un vœu inaccompli . Un désir inassouvi . La logique , la patience , la pensée ne nous avancent à rien , nous le savons , nous le croyons , nous en sommes certains . L ’ objet de nos désirs , devenu notre plus grand tourment , devrait se trouver là , ici et maintenant . Il est simplement , furieusement en retard . Nous essayons de nous en emparer , de le saisir , de le séduire , de le dessiner , de le co-créer , de le forcer à se manifester . Mais hélas , cela ne peut être fait . Dans notre obsession , nous oublions de savourer ce cadeau , le présent , notre unique richesse qui se trouve ici et maintenant . Nous cherchons aux mauvais endroits , en le croyant au-delà de soi , alors qu ’ il est là tout près , plus près que le doux soupir de l ’ être aimé . Le bonheur est à portée de main et se manifeste dans le souffle divin . Il est dans l ’ air que l ’ on respire et dans chaque instant qui nous inspire . Lorsque nous cessons d ’ agir bêtement et acceptons de devenir pleinement . Être , aussi simplement qu ’ ici et maintenant .
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NUMÉRO # 61