La Sultane N55 | Page 30

Les symboles berbères Il existe une multitude de tatouage et de symboles , du plus simple au plus complexe . Ils sont tous composés de formes ­géométriques . Il est difficile de connaître avec ­exactitude leur signification . En effet ,
permettait de conjurer le mauvais sort , d ’ éloigner le mauvais œil et d ’ apporter la bonne fortune , la réussite , l ’ élévation sociale et le succès à la personne qui le porte . Les femmes protégeaient leur enfant de la malchance et du mauvais sort en leur dessinant sur le front avec du noir de fumée . Particulièrement , si le jour de la naissance d ’ un enfant coïncide avec un événement néfaste : désastre naturel , décès d ’ un proche , déclenchement d ’ une guerre . Le tatouage possède donc selon eux une fonction de communication entre le corps humain et le monde des esprits . Ce qui ne manquera pas d ’ accentuer sa disgrâce aux yeux des conquérants arabes venus répandre la ­parole de Dieu . En effet , pour bon nombre de musulmans , le tatouage est synonyme de péché , car il mutile le corps et modifie l ’ œuvre divine . Les imams qui s ’ en sont pris à cette pratique condamnaient surtout tout lien à d ’ anciennes croyances en des éléments surnaturels . Le tatouage avait également une valeur prophylactique et permettait de lutter contre certaines maladies . Ainsi , un tatouage au cou préservait du goitre , un tatouage aux chevilles protégeait le talon d ’ Achille , celui des épaules luttait contre la stérilité ( allez comprendre le rapport ), un tatouage au niveau des poignets empêchai les foulures , tandis que celui au-dessus de l ’ arcade sourcilière soulageait les yeux . Le tatouage s ’ est en partie adapté à cet opprobre islamique en ne représentant jamais l ’ image de l ’ homme . Les femmes , dépositaires des coutumes d ’ une civilisation très ancienne , préfèrent de nos jours , le tatouage au henné , au tatouage permanent de nos ancêtres . Le côté ornemental a pris le dessus depuis longtemps sur le sens magique primitif . Il existe de nombreux rites associés au Henné , lors desquels il reste très présent , même aujourd ’ hui : le rite du mariage , rituel de la « nuit du henné », de la naissance , de la circoncision ... Toutes les femmes ou presque portaient donc de nombreux tatouages sur le front , les tempes , les joues , le nez , le menton , le cou , la poitrine , les doigts , le dessus de la main , l ’ avant-bras , les épaules , le dos , le mollet , la cheville , le tendon d ’ Achille , mais elles n ’ en ont jamais sur le ventre . À l ’ aide pigments issus de substances d ’ origine végétale , du charbon , mélangés à de l ’ eau ou du sang , des motifs et symboles qui leur étaient propres et avaient un sens bien particulier . Les fillettes étaient tatouées , toutes jeunes par des incisions ou des piqûres à l ’ aide d ’ épine de rose ou de cactus . La génération de nos grands-mère est probablement la dernière à s ’ être conformée à ce rituel . Forcées à subir une pratique douloureuse , elles ont rompu avec la tradition ancestrale et n ’ ont pas souhaité faire vivre la même ­expérience à leurs filles . Les nouvelles normes sociales se mettant en place dès la deuxième moitié du 20 e siècle ont permis d ’ abandonner cette pratique . La condamnation religieuse a facilité cette transition .

Les symboles berbères Il existe une multitude de tatouage et de symboles , du plus simple au plus complexe . Ils sont tous composés de formes ­géométriques . Il est difficile de connaître avec ­exactitude leur signification . En effet ,

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