Au cours de l ’ Histoire , hommes et femmes ont accordé de plus en plus d ’ importance au patrimoine collectif , c ’ est-à-dire aux souvenirs qui appartiennent à tous . Ils ont compris qu ’ il était important de conserver les traces du passé pour qu ’ elles ne s ’ abîment pas et que tout le monde puisse les découvrir . Pendant longtemps , le patrimoine ne concernait que des grandes œuvres comme des tableaux d ’ artistes connus . Puis les hommes de toutes les nations se sont intéressés à d ’ autres objets , comme les machines anciennes ainsi qu ’ au patrimoine immatériel comme les légendes , les chants , les traditions et même des lieux et des emplacements . Par ailleurs les objets exposés dans nos musées ne l ’ ont pas toujours été . Ils ont une histoire bien à eux . Ainsi , les mosaïques et les sculptures pouvaient orner autrefois les demeures et les temples . Tous ces souvenirs constituent notre patrimoine , c ’ est-à-dire ce qui nous vient de nos ancêtres , du passé .
Le mot « patrimoine » vient du latin pater qui signifie « père ». Et la Tunisie possède un riche patrimoine que , force malheureusement de le reconnaitre , de nombreux concitoyens malintentionnés n ’ hésitent à le piller sans vergogne pour le revendre ensuite au plus offrant ( il ne se passe pas un jour sans que tel ou tel artefact d ’ origine juive , chrétienne ou musulman soit retrouvé sur le marché noir ). Nombreux sont les parents , mais aussi les amateurs d ’ arts et de culture , sans oublier bien évidemment les férus d ’ histoire et d ’ archéologie ( et ils sont de plus en plus nombreux ) à prendre soin de noter noir sur blanc sur leurs agendas que le premier dimanche de chaque mois est réservé . En effet , cette date permet au plus grand nombre d ’ accéder gratuitement aux musées . La sultane magazine propose à ses lectrices et lecteurs quelques musées à découvrir ou redécouvrir . Il existe de nombreux musées en Tunisie : Musée archéologique d ’ El Jem , Musée archéologique de Gafsa , Musée archéologique de Kerkouane , Musée archéologique de Lamta , Musée archéologique de Salakta , Musée archéologique de Sbeïtla , Musée archéologique de Sfax , Musée archéologique de Sousse , Musée archéologique et ethnographique de Moknine , Musée d ’ Enfida , Musée de Bulla Regia , Musée de Chemtou , Musée de la mémoire de la Terre de Tataouine , Musée de Makthar , Musée de Mahdi , Musée de Nabeul , Musée de Zarzis , Musée de la kasbah de Sfax , Musée des arts islamiques de Monastir , Musée national du Bardo , Musée national d ’ Utique , Musée national de Carthage , Musée paléochrétien de Carthage . Sans oublier les musées patrimoniaux comme Dar Ben Abdallah , siège du musée des arts et traditions populaires de Tunis , Mausolée Sidi Kacem El Jellizi , siège du musée de la céramique ( Tunis ), Musée Dar Cheraït ( Tozeur ), Musée Dar Essid ( Sousse ), Musée Dar Jellouli ( Sfax ), Musée de Guellala ( Djerba ), Musée des arts et traditions populaires du Kef , Musée des arts et traditions populaires de Djerba , Musée des arts et traditions populaires de Monastir , Musée des coutumes et des traditions de Médenine , Musée El Kobba ( Sousse ), Musée Lalla Hadria ( Djerba ), Musée national d ’ art islamique de Raqqada , Musée du patrimoine insulaire de Kerkennah , Musée du Sahara de Douz et bien d ’ autres … La Sultane vous propose sa sélection .
Le musée archéologique de Neapolis
Inauguré en 1984 et installé dans une modeste demeure du centre-ville , le musée de Nabeul rassemble quelques-uns des objets découverts lors des fouilles ayant eu lieu sur divers sites du cap Bon . Les collections proviennent , pour la plupart , du site antique de Neapolis mais des pièces appartenant à d ’ autres sites archéologiques du cap Bon se trouvent également dans le musée . Certaines sont ainsi antérieures à la période romaine et comprennent des céramiques , des amulettes de style égyptien issus de Kerkouane et des statues en terre cuite provenant du sanctuaire néo-punique de Thinissut . Sans oublier bien évidemment une collection de terres cuites en provenance d ’ un sanctuaire dédié aux dieux puniques Baâl Hammon et Tanit . Autant de trésors presque tous en provenance soit de nécropoles , soit de vestiges d ’ habitations . Les collections romaines sont en outre illustrées par de nombreuses mosaïques trouvées à Neapolis . Il est à noter que dans les dernières années , le contenu du musée s ’ est enrichi par l ’ acquisition de trois mosaïques de Kélibia ainsi que par l ’ ouverture d ’ une salle consacrée à la fouille d ’ une fabrique de salaison de poissons .
Le musée national d ’ art islamique de Raqqada
Située à 10 km au sud-ouest de Kairouan , le musée national d ’ art islamique de Raqqada est un musée spécialisé dans les arts de l ’ Islam et situé sur le site archéologique de Raqqada . La salle d ’ entrée du musée comprend une superbe maquette en bois permettant au visiteur de découvrir les diverses particularités architecturales . La salle des monnaies aussi avec une très importante collection de pièces de monnaies retraçant l ’ histoire économique de l ’ Ifriqiya durant plus de six siècles . La salle de la céramique mérite aussi que l ’ on s ’ y attarde . Y est exposée une importante collection d ’ objets en céramique d ’ époques aghlabide ( IXe siècle ) et fatimide ( Xe siècle ) provenant essentiellement des sites de Raqqada et de Sabra ( non loin de Kairouan ). Et enfin la salle à coupole qui marquera les visiteurs par la minutie de son ornementation et ses vitraux . C ’ est dans cette salle que sont exposées de précieuses pièces en verre , en plomb et en bronze . Comment ne pas évoquer la salle dite des Corans qui renferme des feuillets de Coran sur parchemin et donne à découvrir la diversité des formes , l ’ élégance des différents styles de calligraphie et l ’ extrême richesse de leur ornementation . Passionnant à souhait !
Le musée de la monnaie de Tunis
Ceux qui habitent le centre-ville peuvent toujours se rendre au Musée de la monnaie , situé dans la partie orientale du nouveau bâtiment de la Banque centrale de Tunisie , sur l ’ avenue Mohammed V . Un lieu de toute beauté , discret qui occupe un espace de 600 m 2 entre le rez-de-chaussée et la mezzanine . Il abrite une salle d ’ exposition permanente , un espace d ’ expositions temporaires , une médiathèque , une bibliothèque et une boutique . L ’ espace d ’ exposition permanente de forme elliptique comporte un parcours en boucle retraçant l ’ évolution de la monnaie en Tunisie à travers 25 siècles ( punique , numide , romaine , byzantine , vandale , arabe , turque , française …). Au centre se trouve un espace consacré aux médailles commémoratives . L ’ occasion rêvée de découvrir la période carthaginoise lorsque les premières monnaies étaient frappées entre 410 avant l ’ ère chrétienne afin de payer les mercenaires dans la guerre contre Syracuse . Alors que les transactions quotidiennes se font grâce à des pièces en bronze , les pièces en or se limitent alors à des besoins particuliers . Comment selon les périodes de prospérité ou de crise , les métaux utilisés variaient de l ’ or au cuivre légèrement argenté , en passant par l ’ électrum , l ’ argent et le bronze .
Le musée océanographique de Salambô
Le musée océanographique de Salambô , aussi appelé Dar El Hout en arabe , est le principal musée tunisien consacré à la mer . Il est situé à Carthage , en banlieue nord de Tunis , sur l ’ emplacement de son ancien port punique . Fondé en 1924 sous l ’ appellation de Station océanographique de Salambô , le musée est alors une dépendance du musée océanographique de Monaco . Il devient un musée à part entière lors de l ’ indépendance de la Tunisie en 1956 . Il prend alors le nom d ’ Institut national scientifique et technique d ’ océanographie et de pêche ( INSTOP ). Cette période est caractérisée par la création des annexes de La Goulette et de Sfax et la multiplication des programmes de recherche . En 1992 , l ’ INSTOP est transféré du ministère de l ’ Agriculture au ministère de la Recherche scientifique et de la Technologie . Depuis , l ’ institut s ’ appelle Institut national des sciences et technologies de la mer ( INSTM ). Le Centre national d ’ aquaculture de Monastir lui est annexé en 1996 . Conçu comme un espace essentiellement pédagogique , les collections du musée sont présentées dans onze salles portant sur la Tunisie « pays marin », la Tunisie et la Méditerranée , les aquariums d ’ eau douce , les lagunes tunisiennes , les migrations de l ’ anguille , les îles et les espaces protégés , le littoral , la communauté des oiseaux , les techniques de pêche , les poissons et les aquariums d ’ eau de mer .
Le musée dar jellouli à Sfax
Le musée Dar Jellouli est un musée tunisien fondé en 1939 dans un palais au cœur de la médina de Sfax . La maison est construite par des Andalous réfugiés d ’ Espagne au XVII e siècle . Elle est achetée par Farhat Djellouli , caïd de Sfax , riche armateur et grand commerçant . Son arrière petit-fils , le caïd et richissime homme d ’ affaires Mahmoud Djellouli part pour Tunis et s ’ installe avec sa famille dans un palais de la rue du Riche , dans la médina , mais cinq de ses descendants ( Farhat , Hassan , M ’ hammed , Sadok et Larbi ) occupent la maison en tant que caïds . La demeure devient donc le siège du caïdat . Elle est revendue en 1934 à une clinique puis devient en 1939 un centre d ’ art , sous la direction de Lucien Golvin . C ’ est alors qu ’ elle est aménagée en musée régional des arts et traditions populaires .
Une nouvelle politique est exigée
De nombreux efforts ont été déployés par les autorités compétentes pour sauver , protéger et mettre en valeur le patrimoine national mais cela demeure encore insuffisant . Il suffit de voir ce qui se passe actuellement à Carthage pour s ’ en rendre compte . Véritable joyau du patrimoine tunisien , Carthage est menacé par les constructions illégales et anarchiques . Ou encore lorsque des organisations non gouvernementales ont publié il y a de cela quelques semaines un communiqué dans lequel elles exprimaient leur indignation suite à la destruction à Mohammedia dans le gouvernorat de Ben Arous d ’ un aqueduc datant de l ’ époque romaine . Nous avons urgemment besoin d ’ une nouvelle impulsion politique qui voit le ministère des affaires culturelles , le ministère du tourisme mais aussi les collectivités territoriales joindre leurs efforts afin de mettre en exergue un patrimoine qui compte parmi les plus riches de l ’ humanité .
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E NUMÉRO # 70