La musique à Paris Mars 2017 | Page 56

56

Vous écoutez Quatuor pour la fin du Temps de Olivier Messiaen (1940)

L'évolution de la technologie se divise en trois grandes sections : inventions, amélioration et modification. À chacune de ces périodes, de nouvelles technologies sont développées, certaines sont améliorées pour en augmenter le rendement et la qualité et d'autres sont discontinuées. L'action d'nregistrer la musique avait pour but initial de conserver une trace des interprétations afin de mieux comprendre ce qui s'est fait et être capable de le reproduire.

De 1880 à 1920, c'est la première phase du développement de la technologie, soit celle où l'on invente des techniques d'enregistrement du son. Le rapport entre la musique et ces technologies est donc un rapport d'attraction de foire puisque tout le monde est fasciné à l'idée de pouvoir enregistrer les sons peu importe la qualité de cet enregistrement. Avec les premières techniques d'enregistrement, certains instruments ne sont pas captés par les microphones et d'autres vont voir leur son gravement dégradé, mais la fascination prend le dessus et on en oublie le fait que le rendu est bien loin du réel.

La deuxième période commence en 1920 et se poursuit jusqu'à nos jours. L'invention du microphone électrique permettait une restitution beaucoup plus réaliste du son que les microphones précédents. L'amélioration continue de la qualité sonore permettait aux gens de discuter autour de l'écoute qui peut être réentendue plutôt que de discuter autour d'un concert qui ne peut être réécouté. On assiste également à la naissance d'un nouveau type d'auditeur : le peuple qui ne pratique pas la musique, mais qui devient progressivement virtuose du disque.

Enfin, la dernière période de la technologie se réfère aux coupages et montages audio à partir des années 1920-1930. Avant qu'on découvre cette technique, les fausses notes étaient permises puisque le musicien est humain et que l'erreur est aussi humaine. Maintenant, les attentes envers les musiciens ont radicalement changées : on s'attend dorénavant à ce que le musicien fasse une prestation sans fausses notes puisque c'est de cette manière qu'on entend les mêmes pièces sur un disque. Le trac augmente donc puisqu'une nouvelle règle du jeu a été ajoutée et les musiciens vont même jusqu'à modifier leur technique de pratique et de performance pour éviter de jouer des fausses notes le plus possible. Les compositeurs vont même se mettre à méfier les interprêtes, car ils veulent imposer la version idéale de l'oeuvre sans se soucier des intentions du compositeur cachées derrière la partition.