évasion
fly away
ّ
لنحـلــق
visite guidée I guided tour I
زيـارة برفقة دليـل
de l’aventure au confort aléatoire. Me voilà parti pour
Tataouine et la région des Ksars, ces forts de pierre
qui étaient également des greniers à provisions.
Souvent en ruine, ils parsèment les lignes de crêtes
de ces paysages minéraux et témoignent de ce fait
qui m’a toujours étonné ; les déserts sont toujours
plus fréquentés que leur nom ne le laisse croire.
C’est à l’occasion d’une halte photographique que je
rencontre Amor, un habitant des lieux avec qui nous
engageons la conversation. Je le ramène chez lui à 8
kilomètres de là puisque je n’ai pas de destination précise. Nous sommes en fin de journée et il m’invite à
passer la nuit dans sa maison où il me présente ses
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1. Les célèbres habitats
troglodytes près de Tataouine
I The famous troglodyte
dwellings near Tataouine I
مساكن الكهوف الشهرية قرب
I مدينة تطاوين
2. Les gorges de Midès
gorges of Midès I
I
I
The
واحة ميداس الجبلية
La Gazelle 58 I
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m’avaient tant marqué par leur omniprésence lors
de mon premier court séjour, il y a presque 30 ans.
Le test ayant été concluant, me voilà enfin parti pour
mon road trip. Un premier passage à Hammamet
puis je pars pour Kairouan, magnifique sous un ciel
d’un bleu profond. Les briques des édifices prennent
la couleur du sable qui entoure la ville au coucher
du soleil qui met en valeur les motifs géométriques
des façades.
Après une nuit à Monastir, belle ville alanguie le long
d’une corniche qui s’étire sur des kilomètres je fonce
vers El Jem et son amphithéâtre romain, le second
par la taille après le Colisée de Rome. Je suis bien
dans la province romaine d’Afrique conquise à l’issue
des guerres Puniques. Les mots « Delenda Carthago
est » (citation latine attribuée à Caton l’Ancien et qui
signifie «Carthage est à détruire ») reviennent dans
ma mémoire de latiniste pour souligner l’éclat de ce
site exceptionnel et finalement méconnu, comme
finalement la plupart des sites antiques que je vais
visiter par la suite : Sufetula, Haidra, Bulla Reggia,
Dougga, pour la plupart peu fréquentés en regard
de leurs homologues du bassin méditerranéen.
Une aubaine pour le visiteur peu grégaire que je
suis qui n’aime rien tant que méditer seul au milieu
des pierres millénaires, mais peut-être une perte
de ressources pour le pays. Force est de constater
néanmoins que l’infrastructure d’hébergement
autour de la plupart de ces sites est inexistante et
qu’il est difficile d’y séjourner. Un autre chantier pour
futur ministre…
Quelques jours à Djerba dans le luxe d’un hôtel 5
étoiles me préparent en douceur à retrouver le goût
parents, son frère, ses sœurs et ses enfants. Sa mère
prépare un couscous mémorable et nous passons la
soirée à évoquer nos vies si différentes. Lui, enraciné à
cette terre caillouteuse avec sa famille. Moi, célibataire
sans attaches qui parcours le monde depuis 30 ans.
J’aime ces moments de rencontre qui ont émaillé mes
voyages dans des lieux reculés, des Andes à la Mongolie. Dans de tels moments de simplicité, loin de tout
artifice, on touche finalement à l’universalité humaine
qui transcende au final nos différences de destins individuels, de croyances, de climats, de fortune…
Au matin, je m’arrache de cet accueil chaleureux pour
aller vers d’autres routes, d’autres rencontres. J’ai atteint le point méridional extrême de ma boucle et entame ma remontée vers le Nord-Ouest, vers Douz et
Tozeur en passant par Matmata, pour rallier ensuite
Tabarka. De nouveaux paysages grandioses m’attendent, de même que de nombreux contrôles routiers.
A tous les grands carrefours m’attendent des barrages de police, dont les fonctionnaires s’étonnent
toujours de voir un étranger se promener seul dans
son gros 4x4. La nature ayant horreur du vide, je suis
souvent sollicité pour transporter des « collègues qui
vont prendre leur poste » ou qui viennent de le quitter
jusqu’à la ville ou bourgade suivante. Pourquoi pas ?
Une nouvelle corde à mon arc : transporteur de troupe.
Tozeur s’apprête pour le festival des nuits électroniques, événement musical et festif qui fait exploser
les tarifs hôteliers et me précipite vers Tamerza. Le
fameux Palace local tant vanté est fermé, victime de
difficultés économiques. Heureusement, j’ai pris en
stop sur le chemin du village le vénérable Othman,
qui me trouve un hébergement et m’accueille à dîner
dans sa maison avec ses six enfants et son épouse
Saliha. La famille vit des 2 hectares de palmiers dattiers hérités de son père qui se situent dans la trouée
verte qu’est cette oasis de montagne perdue dans