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La Tunisie d’Alexandre
Roubtzoff
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le peintre applique les recettes de la tradition occidentale à des modèles européens et orientaux. Dans son
journal écrit à la fin de sa vie et les quelques articles qu’il rédige pour la revue Tunisie (“ Un quart de siècle en
Tunisie”, 1938), il défend un Orient résolument fidèle à ses traditions : “ un peintre arabe ne doit pas oublier
qu’il est arabe et non pas Von Dongen. Ni Cézanne non plus. L’Arabe doit conserver intacte sa mentalité
musulmane, même s’il fréquente Montparnasse”. En 1924, lors d’un voyage en Turquie, ce pourfendeur du
modernisme peint surtout la ville de Brousse “ plus séduisante que
Constantinople trop ravagée par les incendies [...] et le tourisme”.
De son vivant, les achats par l’État et plusieurs expositions à Tunis
et en métropole lui ménagent une place importante dans la vie artistique de la colonie, évidemment à contre-courant de Boucherle
et de l’École de Tunis. En 2010, un hommage officiel lui fut rendu
en Tunisie avec l’exposition “ Roubtzoff et la médina” - 48 dessins
minutieusement réalisés en 1944, ainsi que quelques toiles, représentatives d’un art dont la mémoire fut entretenue dès la mort de
l’artiste. Roubtzoff, dont les toiles ornent encore nombre de résidences officielles, est aujourd’hui le peintre tunisien le mieux coté
sur le marché de l’art. Ses œuvres les plus importantes sont signées
et datées en français et en arabe. I
a
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Né à Saint Petersbourg en1884
Décédé à Tunis en 1949)
Peintre orientaliste. I
Born in Saint Petersbourg in
1884. Died in Tunis in 1949)
Orientalist painter. I
1884 ولد بسان بيرتسبورغ سنة
1949 تويف بتونس سنة
I .رســــام مسترشق
La Gazelle 53 I
54
j
eune boursier de l’École Nationale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, Roubtzoff découvre l’Orient en 1913, par l’Andalousie
et Tanger. En 1914, il arrive à Tunis peu de jours après Macke
et Klee, et il s’y installe durablement obtenant la nationalité
française en 1924. Il ne reviendra pas en Russie. Fréquentant
l’Institut de Carthage, il réalise des portraits mondains qui lui ouvrent les portes de la haute société coloniale. En 1920, avec une
exposition montrant plus de cent vingt toiles, le Salon tunisien par Alexandre Fichet le consacre comme “ le
peintre de la lumière”. Ses paysages et jardins postimpressionnistes, à la touche élégante et sagement colorée, sont assez proches de ceux de son ami le baron d’Erlanger* et séduisent autant que les grands portraits
de bédouines d’abord choisies parmi les modèles du photographe Rudolf Lehnert*. Des préoccupations documentaires sur les costumes, parures et tatouages -ses dessins illustrent les publications d’Ernest Gobert*inspirent d’abord des scènes classiques de la vie quotidienne (Préparation du couscous, Femmes au Khôl,
1915). Roubtzoff s‘attachera plus tard davantage aux regards et à la sensibilité de ses modèles (Alia, 1937) :
“ Ce sont eux, les bédouins montagnards, frustres et ignorants qui sont beaux, nobles et raffinés, tandis que
nous autres, les représentants de la civilisation la plus avancée, nous sommes laids, mesquins, inélégants”.
Orientaliste “ethnographique”, Roubtzoff refuse les excentricités du genre mais réalise une série de nus où
young fellow of the National School of Fine
Arts of Saint Pittsburg, Alexander Roubtzoff
discovered the Orient in 1913, through
Andalusia and Tangiers. In 1914, he arrived
in Tunis a few days after Macke and Lee and
moved there permanently, obtaining French
nationality in 1924. He never returned
to Russia. Frequenting the Institute of Carthage, he made posh
portraits, which opened doors for him to colonial high society. In
1920, with an exhibition showing more than one hundred and twenty
paintings, the Tunisian exhibition by Alexander Fichet declared
him as “the painter of light”. His postimpressionist landscapes
and gardens, with an elegant touch and wisely colored, were quite
close to those of his friend Rudolf D’Erlanger and impressed as
much as the great portraits of Bedouins, first selected among the
models of the photographer Rudolf Lehnert. Documentary concerns
about costumes, jewelry and tattoos – his drawings illustrated the
publications of Ernest Gobert – inspired classic scenes of everyday life (Preparation of kuskus, Women in
khol, 1915). Roubtzoff would later, focus further on the look and sensitivity of his models (Alia, 1937): “They
are those- the mountain Bedouins rough and ignorant-