La Gazelle | Page 62

envies wishlist ‫رغبـاتنـــا‬ découverte I discovery I ْ ‫اكتِ�شــــاف‬ Kamel Daoud Meursault, contre-enquête s La Gazelle 59 I 64 i le Prix Goncourt 2014 lui a glissé entre les mains pour récompenser “Pas Pleurer” de Lydie Salvayre, Kamel Daoud a sans conteste gagné le cœur des critiques et du public par son premier roman. Meursault, contre-enquête est une prouesse littéraire, une réponse espacée par 72 années à l’œuvre d’Albert Camus, L’Etranger. L’écrivain algérien se réapproprie l’histoire du meurtre de l’Arabe pour réparer une injustice, celle de l’absence totale de personnages algérois dans l’œuvre initiale mais surtout le refus de Camus d’offrir une identité à « l’Arabe » qui meurt assassiné par cinq balles par Meursault. La première scène du roman de Kamel Daoud se dresse comme un hommage à cette figure niée de la littérature. L’on apprend que celui que Camus surnomme vingt-cinq foisdans son livre avait une identité et surtout un frère cadet, Haroun. Ce dernier occupe même le premier rôle du roman et se place comme le reflet de Meursault. Terrassé par la mort de son frère Haroun vient s’échouer chaque soir dans un bar d’Oran pour relater « sa propre version des faits, raconter l’envers du décor, rendre son nom à son frère. » Il rumine sa solitude, son désarroi face à l’Algérie mais sa seule obsession est que « L’Arabe » soit enfin reconnu. Kamel Daoud entraine le lecteur dans une mise en abime virtuose. Le journaliste et romancier montre une parfaite maîtrise de l’exercice de la réécriture, allant jusqu’à s’approprier et détourner des passages de L’Etranger, comme si la falsification du texte d’origine était la réparation ultime. I