Les dernières Reem
de la Tunisie
Si dans l’imaginaire populaire toutes ces créatures étaient liées à la vie
dans le désert, ces différents joyaux de la nature étaient largement réparties
dans le pays et occupaient de vastes espaces, depuis les hauts reliefs du
Nord jusqu’aux grands espaces ouverts du Sud, des habitats variés qui
convenaient à leurs modes de vie.
j
La Gazelle 59 I
136
usqu’à la fin du XIXème siècle, la
Tunisie abritait au moins quatre
espèces de gazelles : la Dorcas
(Gazella dorcas), la Mohor (Nanger
dama mhorr), la gazelle de l’Atlas
(Gazella cuvieri) et la Reem ou gazelle blanche (Gazella leptoceros).
La dorcas, gracieuse et tolérante était la plus répandue et ses spécimens ont été notés très loin au Nord
dans les plaines entre Kairouan et Sousse. La Reem
élancée et farouche a préféré les étendues dunaires
au Sud de Chott El Jerid ce qui fait d’elle une créature
désertique par excellence. De là, elle symbolise avec
l’addax, une espèce de grande antilope blanche avec
laquelle elle partage les mêmes affinités vitales, l’un
des aspects intrigant de l’adaptation extraordinaire
de la vie sauvage aux conditions extrême du Sahara.
Elle est l’un des maillons d’un monde encore méconnu : celui du fennec et du scinque, celui de l’outarde Houbara et de l’oricou… bref celui d’une biodiversité exceptionnelle limitée aux grands massifs
dunaires, les Ergs.
Autrefois présente dans plusieurs pays du Nord de
l’Afrique, la Reem voit aujourd’hui son aire de répartition se rétrécir comme une peau de chagrin. Son existence n’est plus signalée du Niger, du Tchad et du Soudan depuis plusieurs années. Sa distribution en Egypte
est très disparate et relictuelle. Quant à sa présence en
Lybie, elle est méconnue vu le manque de données et
la situation actuelle d’instabilité dans ce pays.
Dans cette situation morose, seules les populations de l’Algérie et de la Tunisie sont relativement