une photo, une histoire I a shot, a history I
�صــــورة، ق�صــــة
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Mort de l’essayiste et romancier
Abdelwahab
P
Meddeb
oète, islamologue, essayiste et romancier, né en 1946 à Tunis, Abdelwahab Meddeb
est mort à la clinique Bizet, à Paris, mercredi 5 novembre, d’un cancer du poumon.
Grand érudit, pétri de culture musulmane et occidentale, il plaidait sans relâche pour
un Islam des Lumières, un dialogue des civilisations face au choc des nations, des
images et des représentations. Abdelwahab Meddeb a enseigné la littérature comparée à l’université Paris-X-Nanterre, dirigé la revueDédale et produit l’émission
« Cultures d’Islam », sur France Culture. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont
Talismano (Christian Bourgois, 1979),Contre-prêches (Seuil, 2006), Sortir de la malédiction. L’Islam entre civilisation et barbarie (Seuil, 2008), Pari de civilisation (Seuil, 2009), Printemps de Tunis, la métamorphose de
l’histoire (Albin Michel, 2011) et une Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours
(Albin Michel, avec Benjamin Stora,
Passionné par la littérature la plus exigeante, ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui conduisirent ce
poète et romancier franco-tunisien à descendre dans l’arène des débats. « Si, selon Voltaire, l’intolérance fut
la maladie du catholicisme, si le nazisme fut la maladie de l’Allemagne, l’intégrisme est la maladie de l’islam »,
écrivait-il en ouverture à La Maladie de l’islam (Seuil, 2002), son ouvrage-phare, dans lequel il invitait le monde
musulman à balayer « devant sa porte » et à rompre avec la spirale de la violence et du ressentiment. Il ne
cessa de combattre l’islamisme radical, tout comme le mépris ignare pour les musulmans dans lequel se
complaisent certains intellectuels français.
« Je porte en moi la maladie de l’islam »
Une position singulière, qui lui valut d’avoir des adversaires dans chaque camp. Mais aussi de nombreux amis
et soutiens, tels l’islamologue Christian Jambet, le philosophe Jean-Luc Nancy, l’historien d’art Jean-Hubert
Martin, l’essayiste Olivier Mongin, ancien directeur d’Esprit, qui lui proposa d’entrer dans le comité de rédaction
de la revue. Ou encore le musicien Michel Portal, qui vint jouer Mozart et Schubert et improviser à la clarinette
dans sa chambre d’hôpital, afin d’apaiser les souffrances de cet irréductible amoureux des arts.
« Je porte en moi la maladie de l’islam », disait-il encore alors qu’il luttait contre son cancer. Dans une dernière
tribune, parue le 9 octobre dans Le Monde à la suite de l’exécution de l’otage Hervé Gourdel, il enjoignait aux
siens de «protester, en tant que musulman, ces horreurs puissent être faites en notre nom » et de ne pas cesser à « transmettre les merveilles de l’Islam ».
Pour lutter contre le littéralisme et l’intégrisme, séparer le politique du théologique, il propose de chercher
dans la tradition du soufisme d’Ibn Arabi (1165-1240) notamment, la voie d’un islam ouvert à la pluralité des
mondes. Cette préoccupation est au cœur du Portrait du poète en soufi, son dernier ouvrage, qui vient de
paraître aux éditions Belin (181 pages, 19 euros), dans lequel un poète nomade s’adresse à Aya, sujet de son
amour : « Quand tu donnes tu donnes tout/C’est la passion qui te meut. » Un vers qui va comme un gant à
Abdelwahab Meddeb, qui fut toute sa vie animé par la passion de l’Islam et dévoré par sa maladie. I
Extrait du journal Le Monde, le 06.11.2014
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