En septembre , vous inaugurez une galerie d ’ art à Strasbourg . D ’ où est venue l ’ idée de vous lancer en tant que galeriste ? Elle me vient simplement d ’ une passion pour l ’ art qui m ’ anime depuis de nombreuses années . Cela a débuté avec des coups de cœur spontanés pour des œuvres dont j ’ ai fait l ’ acquisition , très jeune , au début des années 80 : des peintures de Martial Guédron , un artiste alsacien qui peignait au couteau . Je me souviens d ’ une émotion sidérante , quelque chose d ’ irrépressible . Quelques années plus tard , la découverte à New York des œuvres de Jean-Michel Basquiat a déclenché mon envie de m ’ attacher à des artistes issus de la mouvance pop . Je me suis mis à collectionner les œuvres des membres de la Figuration Libre , alors en pleine explosion : Robert Combas ou Hervé di Rosa . Puis , j ’ ai élargi mes domaines de recherche à la Figuration Narrative avec Rancillac , Erró , Peter Klasen , Jacques Monory ou Gérard Schlosser , ainsi qu ’ aux Nouveaux Réalistes avec Villéglé , Niki de Saint-Phalle et Arman . Cela faisait quelques temps que je souhaitais passer du statut de collectionneur à galeriste . J ’ aime l ’ idée de transmettre à mon tour et de partager ma passion pour les artistes et leurs œuvres . L ’ occasion s ’ est présentée lorsque l ’ artiste Didier Stein m ’ a évoqué l ’ ouverture d ’ un nouvel espace à Sélestat , la Poudrière . J ’ ai pu proposer un accrochage inaugural avec une sélection d ’ œuvres assez conséquente . Avec la présence de 3000 visiteurs lors d ’ un week-end , le succès de la manifestation a confirmé quelque chose que je pressentais : un intérêt du public pour l ’ art contemporain ; il venait certes découvrir des pièces d ’ artistes reconnus , mais il s ’ attachait également à la découverte d ’ artistes locaux , nationaux et internationaux que je lui présentais . Cela m ’ a encouragé à poursuivre dans cette voie . Une invitation de ST-ART , la foire d ’ art contemporain et de design de Strasbourg , à l ’ automne 2022 , avec un espace de 150 m 2 m ’ a permis de défendre ma ligne artistique avec cohérence . Une fois de plus , le succès était au rendez-vous . Il m ’ a conforté dans l ’ idée de passer du concept de galerie itinérante au principe d ’ une galerie fixe , à Strasbourg , dans laquelle je pourrai multiplier les expositions à l ’ avenir et y accueillir du public .
Quels liens établissez-vous entre la coiffure et l ’ art ? Ces liens sont une évidence pour moi . J ’ en dénombre au moins trois : le premier concerne la créativité . Cette créativité , je la cultive avec l ’ ensemble des collaborateurs du groupe Kraemer International : chaque jour , je mesure l ’ implication de nos équipes aussi bien en Europe qu ’ en Asie pour faire évoluer les pratiques et la tendance . Chacun puise son inspiration là où il le souhaite , dans la mode bien sûr , l ’ architecture , le design , le cinéma , les réseaux sociaux ou tout simplement dans la rue . Personnellement , je la puise beaucoup dans l ’ art . L ’ émotion que je ressens face à une œuvre d ’ un de mes artistes préférés me donne l ’ impulsion pour tenter de nouvelles choses en coiffure . C ’ est un mouvement naturel , une sorte d ’ émulation permanente . Le deuxième lien que j ’ établis , c ’ est le geste . Celui- ci découle d ’ une intention – et l ’ on sait l ’ importance de l ’ intention en art ! Ce geste poursuit un but précis , plastique ; il est l ’ instrument d ’ une forme d ’ accomplissement et en cela , il est générateur d ’ émotion . Dans une certaine mesure , il en est de même en coiffure : la justesse du geste génère une satisfaction . Enfin , je constate que l ’ art entre en parfaite cohérence avec ce que nous tentons de mener au sein du groupe : la quête du beau . C ’ est le troisième lien que je situe clairement entre art et coiffure , sans quasiment faire de distinction entre les deux .
Votre collection présente des lignes de force autour de la figuration pop . Il semble en être de même pour vos expositions . Oui , je me suis attaché à collectionner des artistes que j ’ affectionne : ils ont souvent en commun de se consacrer à des formes figuratives . Certains pratiquent la dérision , d ’ autres nous racontent des histoires . J ’ aime ce lien qui nous rattache au réel , tout en le contournant , voire en le détournant . Pour mes accrochages , je m ’ accorde la possibilité d ’ explorer toutes les voies possibles . Et on les sait si nombreuses ...
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