parmi les roses », immaculée . Dès lors , la fleur est omniprésente dans l ’ art : manuscrits , peintures , livres , céramiques , bijouteries , tapisseries accueillent les motifs les plus élaborés , figuratifs jusque dans les moindres détails , plus stylisés ou décoratifs , selon les effets recherchés ; ces motifs fleurissent dans les objets du quotidien , rivalisant d ’ inventivité . La fleur investit très tôt le champ de l ’ architecture , avec les magnifiques formes explorées dès l ’ Antiquité à Pompéi ou Herculanum , jusqu ’ à son omniprésence , en complément des motifs végétaux dans les réalisations de l ’ Art Nouveau , auquel elle offre une variété infinie de déclinaisons . La fleur vaut pour elle-même à l ’ époque où les naturalistes en découvrent les vertus thérapeutiques – à la Renaissance , les artistes se confondent avec les scientifiques et nombreuses sont les représentations dans les livres imprimés . Chacun y va de sa nature morte – pas si morte que cela , en définitive –, notamment aux Pays- Bas à l ’ époque de l ’ Âge d ’ Or hollandais au XVII e . Cette présence massive s ’ explique , bien sûr , par un commerce « florissant » et l ’ arrivée des fleurs exotiques qui envahissent les marchés du monde entier . Les couleurs éclatantes de la tulipe en ont inspiré plus d ’ un … Dès lors , la fleur investit encore plus fortement le champ de l ’ art : artistes occidentaux – impressionnistes et post-impressionnistes ne se lassent pas d ’ explorer sa dimension furtive – ; de même pour les Asiatiques , les artistes japonais par exemple , forte influence eux-mêmes des impressionnistes , qui immortalisent les fleurs de cerisier en pleine nature . Les photographes ne sont pas en reste , dont certains se spécialisent à leur tour dans la nature morte ou dans les portraits associant des fleurs . Que cherchent ces artistes dans les fleurs qu ’ ils ne trouvent pas ailleurs ? Sans doute un sens à la vie , la fleur étant perçue dans ce qu ’ elle présente de plus beau et de plus éphémère . Cette récurrence se retrouve aujourd ’ hui sur les réseaux – le photographe Nick Knight n ’ immortalise-t-il pas des roses de son jardin à l ’ iPhone en 2009 , les traitant avec les filtres Instagram avant de les imprimer en grand format pour les exposer ? –, mais aussi dans le domaine de la mode . Les imprimés « fleurs » sont devenus indispensables . Adoptés par les grands créateurs , ils séduisent les influenceuses au point de se retrouver dans nos dressings . On se souvient de manière amusée du commentaire acide de Miranda Priestly , interprétée par Meryl Streep dans Le Diable s ’ habille en Prada : « Des fleurs , comme c ’ est original ! » Or notre « Anna Wintour » de fiction a sans doute tort de se moquer tant le pouvoir des fleurs envahit le monde de la mode . Robes courtes , robes longues , vestes , chemises , blouses , pantalons , rien n ’ échappe au phénomène . Pas même les sacs ou chaussures . La raison est simple : la fleur réjouit le quotidien et favorise la multiplication des couleurs , nuances , matières et formes . Une fois de plus , elle inspire à toutes saisons . Elle donne de l ’ élégance et ouvre à la fantaisie de l ’ imaginaire . Les grandes maisons ne s ’ y trompent pas – Dolce & Gabbana , Gucci , Saint Laurent ou Chanel avec sa magnifique robe de mariée en motifs camélia de 2015 , parmi tant d ’ autres –, elles savent que la fleur participe du langage universel de la mode , insistant là aussi sur la furtivité de l ’ instant . L ’ artiste britannique Damien Hirst ne dit-il pas que « les fleurs sont belles parce qu ’ elles sont éphémères ? ». D ’ où une fascination qui ne se dément pas au fil des années ; une fascination qui génère une interaction permanente entre mode , art et création autour de figures sublimes et décadentes aussi fascinantes que Oscar Wilde , Jimi Hendrix , Loulou de la Falaise , l ’ égérie d ’ Yves Saint Laurent , ou Kirsten Stewart .
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