DOSSIER — EXPERTISE KRAEMER
« Le Flower Power doublé du Hair Power a été volontaire ; il a engagé un bouleversement durable de notre manière de penser et de vivre . »
UNE VOLONTÉ DE CHANGEMENT
Cette situation qu ’ on peut généraliser aux États- Unis sur la période qui va de 1967 à 1970 est loin de refléter la réalité à l ’ échelle planétaire : il suffit de regarder les images d ’ archives de Mai-68 en France pour constater que les tenues arborées par les manifestants sont loin d ’ être totalement hippies , ce mouvement arrivant sur le continent à l ’ occasion des grands festivals pop comme celui de l ’ Île de Wight à la toute fin de la décennie , voire au début des années 70 . Dans le domaine de la coiffure , on a tenté de mettre de l ’ ordre dans tout cela avec en réaction un autre style unisexe , court , qui a opéré une percée , alimenté en cela par les premières victoires obtenues par le militantisme féministe . Une tendance à mettre en regard de la banalisation du pantalon – et bien sûr du blue-jean ! –, de la chemise d ’ homme pour les femmes et du blouson , qu ’ il soit en cuir , en daim ou en tissu . Après l ’ avènement de la minijupe , la longueur s ' affirme à nouveau , favorisant les motifs orientaux comme on peut le constater chez Yves Saint Laurent par exemple .
CULTURE & COIFFURE
Un grand désir de liberté traverse la coiffure ; les cheveux sont en mouvement , sans crêpage , sans rouleaux , sans casque . Le brushing est appelé à un bel avenir : l ’ opération séchage et enroulage sur la brosse , mèche par mèche , donne un style nouveau à la coiffure avec un mouvement libre et naturel . Ce qui n ’ est pas sans renforcer des liens entre le coiffeur et sa cliente sur la base d ’ un échange qui porte une manière de coiffer adaptée , personnalisée selon les désirs de celle-ci . De là découlent les coiffures amples , opulentes , ondulées et bouclées que vont arborer les stars féminines 70 ’ s , dans un style faussement désordonné qui annonce déjà le glamour de la période strass et paillettes qu ’ on peut associer au disco . Qu ’ on ne se méprenne pas cependant , derrière la décontraction affichée du Flower Power des années 60 , nulle insouciance . Bien au contraire , une forte préoccupation et une volonté profonde de changement de société , voire de mode de vie . Le terme « power » renvoie immanquablement à la question du politique qu ’ on peut associer autant à la culture qu ’ à la coiffure . En cela , le Flower Power doublé du Hair Power a été volontaire ; il a engagé un bouleversement durable de notre manière de penser et de vivre , dont on sent se diffuser – aujourd ’ hui encore et plus que jamais – la force de rayonnement à l ’ échelle de la planète tout entière .
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