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COMME UNIVERSALITÉ
De fait , la coiffure est universelle . Aussi loin qu ’ on se souvienne , l ’ Humanité s ’ est toujours préoccupée de ses cheveux . Dans sa magistrale Histoire de la coiffure et des coiffeurs , Paul Gerbod cite les vers que le poète John Milton écrit dans Le Paradis Perdu ( 1667 ), décrivant les « cheveux d ’ Hyacinthe , partagés sur le devant en grappes d ’ une manière mâle » d ’ Adam et la « chevelure d ’ or » d ’ Ève « qui descend , épaisse sans ornement , jusqu ’ à sa fine ceinture ». On appréciera au passage la traduction de Châteaubriand qui inscrit la coiffure dans sa sensualité naturelle . Et l ’ historien culturel de nous relater les coiffures telles qu ’ elles étaient pratiquées dans l ’ Antiquité , en Égypte ou en Grèce , durant le Moyen-Âge et à la Renaissance – ah les coiffures nattées d ’ un blond vénitien ! –, jusqu ’ à nos jours . L ’ on découvre dès lors que cette « parure de l ’ âme » est le propre de la femme et de l ’ homme , qu ’ elle a été et reste l ’ objet des attentions les plus marquées . Comme une évidence qui engage les coiffeuses et coiffeurs d ’ aujourd ’ hui .
V
COMME VITALITÉ
L ’ ethnologue qui s ’ attache à la coiffure ne peut guère occulter le reste du corps , tant les deux sont liés . De manière générale , s ’ il aborde le cheveu , c ’ est par le biais du corps , des soins du corps ou à partir des rituels : les normes de coiffage pour les mariages , les lavages au moment de la mort … Mais pas plus que le vêtement , le cheveu n ’ offre de compréhension globale de l ’ homme , il n ’ est qu ’ une partie d ’ un tout , dont la tête se détache sur un plan symbolique . Magnifié , le cheveu est surtout signe de séduction . Il faut vraiment le considérer comme une parure , un collier ou un diamant . La personne qui est revêtue de cette parure se retrouve dans l ’ état d ’ être désiré . Certaines sociétés tendent à valoriser cette parure , mais elles ne la valorisent pas n ’ importe quand . Au moment des mariages par exemple , les femmes prennent un soin particulier à se rendre chez le coiffeur , le jour de la noce , pour être la plus belle possible . Elles s ’ y rendent avec le même enthousiasme que si elles faisaient l ’ acquisition d ’ un bijou . Parce que cette coiffure est signe de vitalité ce jour-là précisément , et pour tous les jours de la vie .
« Le petit plus indéfinissable , l ’ indicible qui constitue la personnalité d ’ une personne est l ’ essence de la beauté . »
Yannick Kraemer
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COMME WORLDWIDE
Il nous fallait bien utiliser un anglicisme – même si l ’ on préfère , bien sûr , le français –, pour signifier la visée planétaire du groupe Kraemer . Celle-ci ne résulte nullement d ’ une volonté de conquête mais plutôt de belles opportunités qui en ont fait , par exemple , la pre mière marque française à se développer en Chine dès le début des années 2000 . Yannick Kraemer l ’ explique assez aisément : « J ’ ai préféré me développer à l ’ étranger avant de le faire en France . » N ’ y voyons aucune malice stratégique mais plutôt cette volonté constante d ’ embrasser la réalité du monde . Ce monde , qui plutôt que d ’ opter pour la question du sens , a eu tendance – résultat des politiques menées depuis les années 80 et encore plus dans les années 90 et 2000 – à s ’ en détourner justement . Aujourd ’ hui , les équilibres historiques sont bouleversés au profit de nouvelles possibilités tout aussi historiques ; le point de vue strictement occidentalisé se voit contredit au profit d ’ un meilleur échange des connaissances et de pratiques à travers les continents . La promesse du lendemain revêt une belle dimension .